Comme on fait son lit, on se couche

Posté dans MOTS par kerbacho - Date : février 10th, 2008

Que faut-il dire : de ou het matras ?

Naast de matras komt ook wel het matras voor.
De matras wordt iets hoger gewaardeerd.

Matras is in de Middelnederlandse periode ontleend aan het Oudfrans (materas) dat het weer aan het Italiaans had ontleend (materasso); oorspronkelijk komt het woord uit het Arabisch ((al) matrah = ‘op de grond gegooid (kussen)’). In het Middelnederlands had het woord de vorm matrasse. Net als de meeste woorden op -e werd het als een vrouwelijk woord verbogen. Zelfstandige naamwoorden van het vrouwelijk geslacht hebben het lidwoord de. In het Nederlands is het gebruik van matras als de-woord dan ook oorspronkelijk. Matras komt pas sinds kort met name in Nederland ook als het-woord voor. [taaladvies.net]

Selon le Grand Robert :
1611; matelat, 1580, Montaigne; mathelas, av. 1464; materas, fin XIVe; matras, 1377; altér. de materas (forme qui a subsisté jusqu’au XVIIe), ital. materasso, arabe matrah, proprement «chose jetée par terre».
Le vieux Littré (1866) précise encore : couverture dont on garnit les bêtes de somme.

Les mots sont faits (aussi) pour voyager (sans passeport).

Affected, spectacle dansé de Claire Croizé, chorégraphe

Posté dans REGARDER par kerbacho - Date : février 9th, 2008

Claire,

j’ai assisté à votre spectacle le 25 janvier à Maasmechelen. Je tenais à vous dire mon émotion et mon admiration. Je n’y connais rien en danse, mais suis sensible à certains spectacles plus qu’à d’autres. « Affected » m’a touché, alors que j’étais plutôt réticent au départ, notamment au cause du texte de présentation du spectacle que j’avais lu auparavant (on ne devrait jamais lire ces textes avant).

En entrant dans la salle et avant même que le spectacle commence, j’ai senti la tension qui émanait de vous, et qui culmine artistiquement dans la troisième partie, la plus admirable à mon goût. Quelle force ! Quelle cohérence !
Trop souvent dans les spectacles de danse je ne vois qu’un catalogue de gestes plus ou moins bien enchaînés. Ce n’est pas le cas pour « Affected ».
Vos trois interprètes sont exceptionnelles (j’ai admiré les « vrilles » répétées de Mariana Garzon Garcia, le rire de Claire Godsmark –il faut garder ça à mon avis, quoiqu’en disent les critiques– mais Varinia Canto Vila a quelque chose en plus, car elle incarne à la perfection cette tension excessive. Quelle virtuosité, quelle inventivité !
Les répétitions lancinantes des gestes, avec de subtils déphasages, font à la musique de Mahler un contrepoint parfois à la limite de l’insupportable pour le spectateur. Elles décapent le vernis de complaisance dont est recouvert cette musique archi-connue.
J’ai apprécié aussi la déconstruction de l’univers sonore vers la fin. Un peu brouillon peut-être, mais finalement rassurant après la froideur acérée et minérale de l’univers musical de Malher.

En regardant Varinia Canto Vila danser j’ai pensé à plusieurs reprises à des toiles de Francis Bacon, notamment celle(s) où apparaît un personnage à quatre pattes, et aussi à la scène finale du film Cobra Verde de Werner Herzog (voir ci-dessous), dans laquelle on voit marcher à quatre pattes au bord de la mer le même personnage que sur les toiles de Bacon.

La séquence des couvertures est également superbe, ubuesque. Pour moi, elle fonctionne comme un collage : par le seul fait de rouler sur le sol, le corps de la danseuse change de physionomie de façon tout à fait imprévisible et pourtant naturelle. Exactement comme on fait des bonhommes de neige en roulant de la neige. Ou comme on assemble les éléments d’un collage.

Photo: Raymond Mallentjer

Ce qui m’a moins plu, c’est la lumière du spectacle (sauf peut-être dans la troisième partie, où le bleu du justaucorps de Varinia est fascinant. Quelle belle trouvaille !). Je perçois aussi le titre (« affected ») comme en contradiction totale avec ce que je ressens. Cela me plonge dans des abimes de réflexion sur le rapport entre les affects (ce qu’on ressent, qui touche, qui affecte) et « affected » dans le sens que vous semblez utiliser, à savoir « Prendre les apparences de… » ou « Feindre ou exagérer (un sentiment, une qualité) ».

J’aurais encore des choses à dire sur le rapport avec la musique etc, mais je m’en tiens là…
Merci d’avoir lu jusqu’ici ce trop long mais très sincère témoignage de gratitude.

Je vous souhaite bonne continuation.

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La séquence fait 11 Mo. Je l’ai trouvée ici.

[extrait de la réponse reçue de Claire Croizé : « J'ai choisi le titre Affected pour ses deux sens, à la fois être touché par... vivre ses émotions mais aussi pouvoir les feindre comme le font Claire et Varinia. Ce qui est intéressant est que" l'artificiel", le faux, de par le contrôle des mouvements et du corps, donne au final une sensation d'authentique. C'est le théâtre ! »]

Né sans vie

Posté dans divers par kerbacho - Date : février 8th, 2008

En écoutant les informations ce matin j’ai été frappé de plein fouet par une nouvelle qui a priori n’aurait pas dû me toucher plus ou moins qu’aucune autre:
Une décision de la Cour de cassation relance le débat sur le statut des « enfants nés sans vie »
Un ou deux ans avant ma naissance, au début des années cinquante, ma mère avait accouché d’un enfant mort-né. Aujourd’hui, en français post-moderne, on dirait « enfant né sans vie ». Un enfant sans nom (tiens, à propos de ‘sans nom’, je viens de lire qu’on rééditait Missa sine nomine de Wiechert), un enfant sans sépulture, un enfant sans existence.

Dès la fin de mon enfance et durant mon adolescence, et peut-être au-delà, j’ai été obnubilé par cette absence/présence douloureuse et monstrueusement incompréhensible pour un enfant, découverte par une mention manuscrite portée dans le livret de famille, non pas par l’officier de l’état civil, mais, si je me souviens bien, par le curé de la paroisse. Cette mention n’apparaissait pas dans le corps du livret, mais figurait un peu clandestinement sur la dernière page, sans doute réservée aux notes.

J’en parlais souvent à ma mère qui n’éludait pas mes questions, mais ne s’y attardait pas non plus. Je me souviens lui avoir demandé si elle savait que l’enfant était mort. Non seulement elle le savait, mais elle avait continué de le porter, sans doute sur recommandation des médecins. En fait je ne sais presque rien de ce grand malheur. Clandestin et encombrant.
J’ai sans doute cherché à comprendre, mais c’était impossible.

Ma mère m’avait expliqué que le plus dur pour elle, à ma grande surprise, avait été l’absence de statut social, juridique et — sans doute le plus insupportable pour elle — religieux de ce non-être. Je pense qu’elle aurait approuvé cette décision de justice, qui accessoirement m’aura permis de « débloquer » ici ce souvenir pesant.

Mathilde sur une photo de carte d'identité, prise sans doute au début des années 1950
Il n’est pas improbable que cette photo dite d’identité, d’où émane une tristesse exceptionnelle sur le visage de ma mère, ait été faite à l’époque de ce drame.

Voici quelques extraits de l’article du Monde.fr :

Une décision de la Cour de cassation relance le débat sur le statut des « enfants nés sans vie »
LEMONDE.FR | 07.02.08 | 18h47 • Mis à jour le 07.02.08 | 19h45

[...] Dans trois arrêts rendus mercredi 6 février, la plus haute juridiction a estimé que « l’article 79-1 du code civil ne subordonnant l’établissement d’un acte d’enfant sans vie ni au poids du fœtus, ni à la durée de la grossesse, tout fœtus né sans vie à la suite d’un accouchement pouvait être inscrit sur les registres de décès de l’état civil ».

Jusqu’à présent, une circulaire de 2001, s’appuyant sur des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), précisait que la notion d’ »enfant sans vie » s’appliquait uniquement aux fœtus considérés comme »viables », c’est-à-dire nés après vingt-deux semaines d’aménorrhée ou pesant au moins 500 grammes. Seuls ces derniers étaient déclarés à l’état civil, les parents pouvant alors, notamment, organiser des obsèques.

[...] « Ce que dit la Cour de cassation, c’est qu’il n’y a aucune durée ou poids minimum inscrit dans la loi française ni dans une convention internationale pour faire inscrire à l’état civil un fœtus né sans vie », explique Me Chevallier, du cabinet d’avocats qui a défendu les parents qui avaient porté l’affaire devant la Cour de cassation. [...]

[...] la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire n’a fait que « rappeler que le code civil permet à l’officier d’état civil de mentionner les enfants morts-nés sur le livret de famille, de leur donner un prénom et d’organiser des obsèques ».

Les passages supprimés ont trait essentiellement aux questions liées au droit à l’avortement. Le texte de l’article est ici.

PS
Si sur la précédente photo de ma mère l’existence même du pendant d’oreille est incertaine, sur celle-ci au moins il n’y a pas de doute.

Pendant d’oreille

Posté dans REGARDER par kerbacho - Date : février 7th, 2008

Le sourire rayonnant de ma mère, alors âgée de 37 ou 38 ans. A son oreille, un pendant qui me fascine. Remarquablement long pour l’époque, la personne et les circonstances, elle ne devait le porter que les grands jours. Chez nous ont appelait ça tout bonnement des boucles d’oreille. J’ai vu dans le dictionnaire qu’il était abusif de les appeler pendentifs.
La boucle d'oreille

Les circonstances : la visite rendue en famille vers 1962 ou 1963 à un soldat allemand blessé lors des combats de libération de 1945 et soigné par mon père.

Cette rencontre a eu lieu quelque quinze ans après les faits, j’en avais moi-même neuf ou dix. Je me souviens bien de la quasi impossibilité (pour moi) de comprendre cette histoire qui pourtant m’a profondément marqué.
De nos jours, n’importe quel enfant de cet âge-là a vu à la TV plus de morts et de blessés que ces hommes-là n’en ont vu en réalité de toute(s) leur(s) guerre(s).
Mirages ?

Et si ce pendant lui-même n’était qu’une poussière sur la photo ?

La mandoline bengalie à la TV néerlandaise

Posté dans HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : février 5th, 2008

Ce n’est pas tous les jours que je fais de la publicité pour la TV. La mandoline bengalie à la télé néerlandaise me fournit une belle occasion de faire une exception.
Snehasish, Soumitrajit et Julia on joué dimanche matin devant les caméras de la VPRO.

Si quelqu’un sait comment aspirer ce stream (Streambpx VCR ne marche pas) pour le sauvegarder, merci de m’indiquer rapidement comment faire, il ne restera sans doute pas en ligne bien longtemps.

En regardant et surtout en écoutant Snehasish ce soir, j’ai pensé au ferraillement du clavecin de la grande Wanda Landovska. N’est-elle pas fascinante, « l’impureté » du timbre de ces instruments dans lequel le bruit a une part no(ta)ble ?

L’émission Vrije Geluiden est par ailleurs formidablement intéressante par le fait qu’elle évoque de façon très simple et claire l’influence des motifs décoratifs des tapis turcs sur la musique de Morton Feldman. C’est d’ailleurs grâce à cette même émission que j’avais découvert les activités musicales d’Armando.

Gyrperes

Posté dans HINDOUSTAN, MOTS par kerbacho - Date : février 3rd, 2008

Il y a quelques semaines, durant leur séjour à la maison, Ashis et Prattyush, deux amis musiciens de Calcutta, m’ont appris une grande quantité de nouveaux mots de vocabulaire bengali. Presque chacun de ces mots déclenche des cascades de réflexion sur les racines communes, plus ou moins apparentes, avec nos langues occidentales. Je me souviens que T***, amie indologue qui lit et parle l’hindi, m’avait dit qu’en effet le bengali était proche du sanscrit, et que par conséquent les fameuses racines indo-européennes n’étaient jamais très loin.
Faute de temps je ne fais que trop rarement des recherches particulières dans mon excellent dictionnaire de sanscrit reçu en cadeau de Nathalie — encore mille fois merci — après un concert à Bruxelles, de Ghulam Hassan Shagan, je crois. Souvent ce n’est d’ailleurs pas nécessaire, tant les ressemblances sont évidentes. Pour certains mots, il faut cependant plus de temps que pour d’autres. Les semaines passent, je les répète inlassablement, comme il faut le faire quand on apprend un vocabulaire, et puis, un beau jour, sans prévenir, la ressemblance avec un mot occidental apparaît comme une évidence : cela vient de se produire à l’instant avec le mot girja dont le sens est église. Evidemment, les amateurs de musique indienne penseront aussitôt à la grande chanteuse de thumri Girija Devi. J’ignore s’il y a un lien.

Mais ‘girja‘ ne ressemble-t-il pas à un mot occidental qui désigne la même chose ?
Kirche, en allemand, pour ‘église’, ou ‘church’ en anglais, ‘kerk’ en néerlandais !

En écrivant ceci, il me revient à l’esprit que le nom du village où je suis , Kerbach, est attesté depuis le XIIIe siècle, je crois, et l’une de ses formes les plus anciennes est ‘Gyrperes‘ dont je crois avoir lu qu’il signifiait… ‘Eglise(s)’.

Un couturier vous parle – Roger Pierre & Jean-Marc Thibaut

Posté dans divers, ÉCOUTER, MOTS par kerbacho - Date : février 1st, 2008

    Un couturier vous parle