Débloque-notes

Avant d’entrer en studio pour un entretien en direct avec Didier Mélon, la veille de son concert à Bruxelles en 2002 avec Muziekpublique, nous patientions avec Buddhdadev-ji dans le patio sympathiquement vieillot de la radio nationale belge ; Antoine en a profité pour prendre cette photo que j’adore pour son format carré, ses couleurs et surtout parce qu’elle exprime à merveille le mélange unique d’autorité et d’humble bonhommie, de confiance totale et de discrète retenue, de savoir immense et de sincère curiosité de cet homme à qui je dois mes plus fortes émotions intellectuelles (oxymore !) en musique indienne. Et bien davantage !

Quelques instants plus tard, pendant l’émission, concentration totale et instantanée. Dans la série Gestes, remarquer au passage l’angle si particulier de la main droite des joueurs de sarod.

Voir Gestes (12)

R. Hameer    
par Ustad Bade Ghulam Ali Khan
Le lyrisme de la musique classique indienne : douceur, splendeur et simplicité.

On a pris l’habitude, quand on entre au supermarché, de se voir à la TV. C’est si super de marcher qu’on n’y fait même plus attention. Comme dans les films de Haneke, ce ne sont plus les spectateurs qui regardent la TV, mais la TV qui regarde les spectateurs (par exemple la séquence extraordinaire du long plan quasi fixe dans Funny Games)
Quand on entre au supermarché avec un photographe, lui voit ça et fait une photo.

Le bon photographe voit ça mais encore bien davantage : au point de convergence des lignes de fuite de cette photo se trouvent non seulement les fesses de la vendeuse en salopette, mais surtout une armoire de salle de bain dont le miroir reflète la même image que le moniteur vidéo de surveillance. Fallait le voir ! Chapeau Ant1.

Cette photo apparemment banale est pour moi une curiosité rarissime, et je l’aime beaucoup. C’est une diapositive faite il y a près de 40 ans. On y reconnaît ma mère et ma grand-mère, marchant dans un pré. Le geste de la main droite de ma grand-mère est caractéristique, une réminiscence peut-être d’une fracture du poignet consécutive à une chute d’un arbre quelques années auparavant lors de la cueillette de fruits.
La photo a été faite de très loin, avec un gros téléobjectif, comme en témoignent en bas à droite les quelques feuilles de la cîme d’un arbre au premier plan.

Marguerite est née le 20 mars 1901, elle aurait eu 107 ans aujourd’hui.

Je pense souvent à elle, plus de dix ans après sa mort. Curieusement, cela reste un souvenir aussi très physique : je sens encore la douceur et la fraîcheur de sa peau. Même vieille.
Je ne comprends pas que dans notre monde on n’aime pas ce qui est vieux. J’ai toujours aimé les gens et les choses vieilles.

J’ai adoré mes grands-parents que je n’ai pourtant connus que vieux.

Balaram Pathak avec son fils Vinode Pathak au tabla

R. Pilu       alap        gat  -  sitar – Paris 1986

R. Bhairavi      alap       gat  -  sitar – [AIR 1978 ?]

Dans la musique indienne, notamment au Bengale, on affectionne les chansons de bateliers comme thème pour le genre semi-classique instrumental, ce qui nous vaut de bien jolis bhatyali dhun. En musique classique occidentale, à l’époque romantique, de nombreux compositeurs ont puisé aux mêmes sources. Les pianistes notamment Chopin et Mendelssohn pour ne citer que les plus remarquables, nés l’un et l’autre en 1810, comme Robert Schuman, nous ont laissé des pièces plus ou moins élaborées, plutôt plus avec les Barcarolles du premier, et plus modestes mais non moins belles pour le second avec ses Venezianische Gondellieder (dans ses Lieder ohne Worte).
Felix Mendelssohn était un compositeur extraordinairement doué, doux et raffiné. Qu’on en juge par ces deux pièces, interprétées par Frank Van De Laar, piano :
       Lieder ohne Worte – Venezianisches Gondellied – opus 62 n° 5
       Lieder ohne Worte – Venezianisches Gondellied – opus 19 n° 6

    La sentinelle 1914

voir Gestes (11)

La seule circonstance dans laquelle on devrait s’autoriser à regarder quelqu’un de haut, c’est quand on l’aide à se relever.