Débloque-notes

On trouve sur ce site hongrois consacré à la musique classique indienne des entretiens (menés soit par Irfan Zuberi soit par Tóth Szabi) avec des musiciens aussi divers que Rahim Fahimuddin Dagar, Sabri Khan, Rajshekhar Mansur, Laxman Krishnarao Pandit, Dr. Kamala Shankar, Bahauddin Dagar, Hariprasad Chaurasia, Wasifuddin Dagar, Prabhu Edouard, Sudeshna Bhattacharya, Charanjit Lal, Sharan Rani, Vinode Pathak, Budhaditya Mukherjee ou Anuradha Shinde.

Le 8 avril 2008, veille de son 80e anniversaire, décédait la joueuse de sarod Sharan Rani.
Disciple d’Ustad Allaudin Khan et d’Ustad Ali Akbar Khan, elle a été la première musicienne à jouer du sarod en concert, avec une maîtrise totale qui lui a valu le surnom de Sarod Rani (reine du sarod). Elle a joué partout dans le monde et notamment en France. Reste-t-il quelque part en France des traces de cet apparition sans doute éphémère ?…
Oui, grâce à Google, j’ai trouvé ceci :

Made in France – original sixties – flip back cover
Faiyaz Khan: tabla / Tapati Choudhuri:tampura /
raga yaman kaylan / Solo de tabla / Raga bhairavi / Yaman kaylan raga / Tabla solo / Bhairavi raga /

Un LP de Sharan Rani, qu’on trouve en France ! Et il aura fallu qu’elle meure pour que j’en découvre l’existence.

En regardant ces images, la taille de son sarod me frappe, il semble sensiblement plus grand que les instruments habituels.
On se souviendra d’elle aussi pour sa collection de 450 instruments léguée au National Museum de Delhi et son travail de pionnière, puisqu’elle a été la première femme instrumentiste à recevoir le titre de Padma Shri en 1968, suivi quelques années après par le Padma Bhushan sans parler des autres innombrables distinctions. Elle parle de ses difficultés spécifiques avec beaucoup de simplicité dans un entretien étonnant (de plus de 60 mn) que j’ai trouvé ici et que je recommande vivement.

Un chanteur exceptionnel à tous égards.
Ecoute recommandée notamment à toute personne désireuse d’oublier Jasraj.
Surtout ne pas s’en faire pour la piètre qualité du signal audio trop compressé (se consoler en se disant qu’un jour on aura accès à une meilleure copie), ne pas s’irriter non plus de l’horreur du module de lecture de MP3 de esips.
Garder toute sa disponibilité pour jouir de la suavité de cette musique.
Et remercier Raju Asokan de partager sa collection avec le reste du monde.
Thank you Raju !

Pt. Basavaraj Rajguru : Enna Kayada Kattaley

Pt.Basavaraj Rajguru : Chinte Emage Ekey Ayya

Pt. Basavaraj Rajguru : Attalitt Hogadanth

Pour en savoir plus sur Basavraj Rajguru

Je ne suis certainement pas Dieu le père, mais puisque le grand fouillis googlesque a dû attendre ma modeste initiative pour que soit révélée enfin à la face du monde la beauté confondante de la poésie de Jules Gréco, je n’aurai pas perdu ma journée. Voici, à la demande expresse mais légitime de quintat l’africain :

    Jules Gréco (et quelques autres)

Que celui ou celle qui aura la patience de transcrire ce chef-d’oeuvre encore à l’état oral veuille bien me le transmettre, je le mettrai en ligne.

Voir aussi gestes (12)

Que fait le troisième homme ? Je veux dire à quoi correspond la position des mains du personnage du haut ? Jouerait-il de la guimbarde par hasard ?

Voir Gestes (13)

Outre le concert de Kushal Das le 17 mai à Bruxelles, déjà annoncé ici, je suis heureux de constater que les annonces de concerts fleurissent tout d’un coup :
Sahana Banerjee jouera à Paris avec Prabhu Edouard au Musée Guimet le 16 mai. En m’annonçant ce concert dimanche, Sahana me disait qu’elle travaillait beaucoup son sitar en ce moment. Les amateurs seraient donc bien avisés de noter cette date dans leur agenda. Et de se rendre au Musée Guimet s’ils peuvent. Je ne pourrai malheureusement pas.

Quelques jours plus tard, à Bruxelles, se produiront deux musiciens carnatiques remarquables :

le duo de violonistes connu sous le nom de Mysore Brothers sera le 21 mai à l’Espace Remua 36 rue du Métal à 1060 Bruxelles à 20h00, accompagné au mridangam par Neyveli B.Venkatesh et à la kanjira par Herbert Lang.
J’avais essayé moi-même cet hiver de mettre quelque chose en place pour permettre à ces musiciens de se produire en Belgique, mais faute de temps et sans doute de niaque je n’y suis pas arrivé. Je suis donc d’autant plus heureux que Béa, plus coriace que moi, ait fini par mettre en place ce concert que je recommande chaudement.
Je n’ai pas encore entendu les deux frères Nagaraj et Manjunath ensemble, mais la musique de Manjunath a attiré mon attention sur un CD du chanteur Sanjay Subrahmanyam que j’aime beaucoup. Je veux dire que j’aime beaucoup Sanjay (découvert grâce à une vidéo sur le site ITC-SRA d’où elle a disparu, je crois), mais aussi ce CD en particulier. Après l’avoir souvent écouté, puis analysé pour essayer de comprendre pourquoi cet enregistrement-là me plaisait plus qu’un autre, j’ai compris que l’accompagnement du violoniste y était pour une grande part. J’ai toujours été fasciné par ces accompagnateurs qui savent mettre en valeur le soliste au point de se rendre indispensables. Dans un genre tout différent (ou peut-être pas tant que ça), je pense à McCoy Tyner, le pianiste de John Coltrane).
Une autre raison de faire le déplacement pour aller écouter le violon carnatique de Mysore Manjunath est ce que m’en a dit l’excellent et exigeant Tejendra Majumdar avec qui il a enregistré en duo chez SenseWorld un CD que je n’ai pas encore entendu. J’ai pu constater lors d’un échange avec Tejendra au sujet de ses duos récents avec des musiciens carnatiques (il a joué cet hiver à Kolkata avec le joueur de veena Ravikiran et Anindo Chatterjee au tabla) que mon sarodiya préféré, qui pourtant ne joue pas volontiers de la brosse à reluire, porte apparemment le violoniste Dr Manjunath (sans doute plus jeune que lui) en très haute estime.
D’autres concerts son annoncés. Deepa Remy organise une nuit du raga le 20 juin au cinéma l’Arlequin à Paris (programme encore inconnu), et, last but not least, un concert que je ne raterai pas : la sitariste Mita Nag joue à Aachen au Suermondt Ludwig-Museum le 30 mai avec Saibal Chatterjee au tabla.

J’ai du mal à reprendre le fil de ces notes. Chaque jour apporte son lot de contrariétés, souvent techniques, ses petits désagréments, ses petites cases trop étroites.
Ah tout ce temps que l’on perd à faire sans vouloir puis à vouloir sans faire !
Ainsi depuis deux jours je me suis embringué dans la numérisation de quelques vieux enregistrements vidéo (je dois ranger mes étagères en vue d’un déménagement) et je perds un temps fou à chaque fois avec ces fichus logiciels pour la vidéo.
Faut-il qu’elle soit grande la fascination des images pour qu’on consacre tant de temps et d’énergie à leur confectionnement.
Pourtant, ce ne sont pas les raisons d’écrire ici qui manquent. La mort de Kishen Maharaj par exemple, annoncée ce matin par un message de Christian Ledoux :

Je viens juste d’apprendre la mort de Kishan Maharaj, cette légende vivante des tablas… qui jouait parfois dans sa ville de Benares avec un revolver dans la poche de sa kurta, ce qui s’explique par son rôle de chef d’un petit quartier.

C’était un monsieur, qui m’a toujours impressionné par la densité de sa pensée et son allure d’artiste au visage concentré d’un puissant intellectuel. La première fois que je l’ai vu il m’a fait penser à Hegel !
Nous n’avons jamais échangé que des bonjour car il ne parlait pas l’anglais, mais le fluide passait. Je l’ai entendu en 78 à Bombay accompagner un jugalbandi de Vilayat Khan et Bismillah Khan, grand souvenir.

Paris ce lundi 5 mai.

Christian Ledoux

Hegel avec un revolver dans sa poche ! Quel brillant raccourci ! Quel mémorable portrait !
Il est vrai que la coupe de cheveux et le profil aquilin du tabliste évoquaient le visage sévère du philosophe.

En ce qui me concerne je suis assez hermétique au style de la Benares Gharana, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir fait des efforts. Hier soir encore, par le plus grand des hasards, j’ai failli écouter une vieille cassette sur laquelle Ali Akbar Khan joue Darbari accompagné par Kishan Maharaj. Finalement j’ai écouté la cassette qui, toujours par hasard ou plutôt par désordre, se trouvait juste à côté, avec Manas Chakrabarty, accompagné par Samar Saha, dont je préfère de loin le style d’accompagnement.

J’ai aussi dans ma collection un enregistrement de concert de Vilayat Khan avec Kishan Maharaj que je n’ai écouté jusqu’au bout qu’à contrecoeur, toujours en raison de ce style d’accompagnement au tabla. J’espère néanmoins très sincèrement rencontrer quelqu’un qui un jour m’expliquera pourquoi ce style de Benares est si prisé par de nombreux connaisseurs.