Hegel avec un revolver dans sa poche

J’ai du mal à reprendre le fil de ces notes. Chaque jour apporte son lot de contrariétés, souvent techniques, ses petits désagréments, ses petites cases trop étroites.
Ah tout ce temps que l’on perd à faire sans vouloir puis à vouloir sans faire !
Ainsi depuis deux jours je me suis embringué dans la numérisation de quelques vieux enregistrements vidéo (je dois ranger mes étagères en vue d’un déménagement) et je perds un temps fou à chaque fois avec ces fichus logiciels pour la vidéo.
Faut-il qu’elle soit grande la fascination des images pour qu’on consacre tant de temps et d’énergie à leur confectionnement.
Pourtant, ce ne sont pas les raisons d’écrire ici qui manquent. La mort de Kishen Maharaj par exemple, annoncée ce matin par un message de Christian Ledoux :

Je viens juste d’apprendre la mort de Kishan Maharaj, cette légende vivante des tablas… qui jouait parfois dans sa ville de Benares avec un revolver dans la poche de sa kurta, ce qui s’explique par son rôle de chef d’un petit quartier.

C’était un monsieur, qui m’a toujours impressionné par la densité de sa pensée et son allure d’artiste au visage concentré d’un puissant intellectuel. La première fois que je l’ai vu il m’a fait penser à Hegel !
Nous n’avons jamais échangé que des bonjour car il ne parlait pas l’anglais, mais le fluide passait. Je l’ai entendu en 78 à Bombay accompagner un jugalbandi de Vilayat Khan et Bismillah Khan, grand souvenir.

Paris ce lundi 5 mai.

Christian Ledoux

Hegel avec un revolver dans sa poche ! Quel brillant raccourci ! Quel mémorable portrait !
Il est vrai que la coupe de cheveux et le profil aquilin du tabliste évoquaient le visage sévère du philosophe.

En ce qui me concerne je suis assez hermétique au style de la Benares Gharana, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir fait des efforts. Hier soir encore, par le plus grand des hasards, j’ai failli écouter une vieille cassette sur laquelle Ali Akbar Khan joue Darbari accompagné par Kishan Maharaj. Finalement j’ai écouté la cassette qui, toujours par hasard ou plutôt par désordre, se trouvait juste à côté, avec Manas Chakrabarty, accompagné par Samar Saha, dont je préfère de loin le style d’accompagnement.

J’ai aussi dans ma collection un enregistrement de concert de Vilayat Khan avec Kishan Maharaj que je n’ai écouté jusqu’au bout qu’à contrecoeur, toujours en raison de ce style d’accompagnement au tabla. J’espère néanmoins très sincèrement rencontrer quelqu’un qui un jour m’expliquera pourquoi ce style de Benares est si prisé par de nombreux connaisseurs.

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