Insel Hombroich (7)

Posté dans divers, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : août 13th, 2010

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Lièvre & lévrier

Posté dans divers, MOTS par kerbacho - Date : août 7th, 2010

« Le lièvre de l’imagination détale devant le lévrier de l’intelligence. »

Lu (avec plaisir) dans La Madone des Sleepings (1925), Maurice Dekobra, Éditions Zulma

Pourquoi le lièvre est-il considéré ici, déconsidéré là ?
À ce sujet, S. m’a fait observer que l’on dit Paashaas en néerlandais (c’est-à-dire lièvre de Pâques) mais lapin de Pâques en français.
En Orient, depuis la nuit des temps, les taches sur la Lune sont associées à un lièvre, en Chine et au Japon notamment, mais aussi en Inde. Et dans d’autres cultures, comme celles d’Amérique centrale. Lire à ce sujet cet excellent article.

She’s my babe

Posté dans divers, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : août 5th, 2010

Photo Pierre Gourou

Sharafat Hussain Khan

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : août 4th, 2010

Quelques photos (mal numérisées, je sais…) d’un grand chanteur, de ses maîtres de l’Agra Gharana, ses collègues, ses amis et sa famille.
Sharafat Hussain Khan

Pour voir Sharafat ou iciPour écouter Sharafat ou ici

Daniélou, Gourou, tristes topiques

Posté dans divers, MOTS par kerbacho - Date : août 3rd, 2010

J’ai eu vent ces jours-ci d’attaques contre l’oeuvre d ‘Alain Daniélou à l’occasion de la sortie d’un livre. Sans même en avoir lu une ligne, je ne suis pas mécontent qu’il suscite des interrogations, voire une polémique, car j’ai toujours éprouvé des réticences, notamment à l’égard du volet musicographique et musicologique des écrits de cette indianiste pourtant réputé.
Je n’y connais pas grand chose, même en musique indienne, et suis bien mal placé pour juger (ce dont je n’ai d’ailleurs aucune envie) mais je ne cache pas que la lecture des ouvrages de Daniélou sur la musique ne m’a, dans le fond, jamais été utile. Pendant des décennies, leur seule existence dans les rayonnages de la musicologie en langue française (par ailleurs déserts) suffisait à leur conférer une certaine légitimité. Une caution, un alibi.

Le seul bénéfice réel que j’en ai jamais tiré réside dans le fait que son livre sur les ragas de l’Inde du Nord a été pendant longtemps le seul « catalogue » de ragas dont je disposais sous forme écrite : Ragas of Northern Indian Music
Son Traité de Musicologie comparée m’a toujours laissé de glace (pour ne pas dire plus).

Sa collection d’enregistrements de musique classique effectués en Inde entre 1950 et 1955, réunis en une Anthologie jadis publiée sur vinyle par Bärenreiter, a présenté longtemps à mes yeux un défaut rédhibitoire : elle était scandaleusement chère, hors de prix pour moi, et hors d’atteinte dans les bibliothèques que je fréquentais. Un comble pour une publication sous l’égide de l’Unesco !
Quand je l’ai enfin découverte dans une médiathèque, il était pour ainsi dire trop tard pour moi, en tout cas pour la partie hindhoustanie. Heureusement il me restait de belles découvertes à faire sous le volet carnatique, encore assez peu familier.

Le hasard fait que j’ai reçu hier un livre commandé en ligne la semaine dernière, intitulé Les tropiques des géographes consacré à la notion de géographie tropicale, dont l’une des figures majeures était (et reste) Pierre Gourou. Je ne peux pas ne pas rapprocher ces deux publications dont la concomitance est évidemment fortuite et je ne cherche pas à établir de parallèle en dehors de ma propre expérience. Trente ans après le début des tumultueuses polémiques universitaires sur la stigmatisation de la connivence entre colonialisme et tropicalisme, le débat semble apaisé, mais pas éteint. Le lecteur pressé aura eu l’impression que ce livre (en fait la publication plutôt soignée des actes d’un colloque qui s’est tenu en 2007) est une exécution en règle du Père Gourou, si je puis dire. C’est parce qu’il n’aura pas dépassé la page 25, alors que le livre en compte plus de 200.
C’est d’ailleurs pour ces 25 premières pages que j’ai commandé le livre après que Google me l’ait proposé comme résultat d’une recherche pour laquelle j’avais, par jeu, donné comme mot-clé les noms de Gourou et d’Inguimberty. Or le premier chapitre du livre s’intitule Géopolitiques de l’Indochine : Gourou, Inguimberty, Duras, une accroche aguichante qui ne pouvait pas me laisser indifférent au moment où je séjournais dans une maison habitée autrefois par Pierre Gourou entouré de tableaux d’Inguimberty !

Joseph Inguimberty et sa femme (2e et 3e en partant de la droite) vers 1936-1938
Joseph Inguimberty et sa femme (au centre) vers 1936-1938 en Baie d’Alang – source

Autant la lecture de ces 25 premières pages, brouillonnes, quérulentes, s’est révélée bien décevante car l’argumentation et le style négligés de l’auteur, Gavin Bowd, trahissent une malveillance patente (j’allais écrire pathologique), une rage de dénigrement, autant celle des 180 pages restantes a été au contraire vivifiante. On sent d’un bout à l’autre du reste de l’ouvrage les accidents d’un terrain miné (on dirait même que toutes n’ont pas explosé), et on dirait que les infinies précautions des uns et des autres, finalement, favorisent ou peut-être même imposent une minutie dans l’analyse qui honore ses auteurs français, au nombre desquels je ne compte évidemment pas M. Bowd. Quelle blessure secrète taraude cet auteur (écossais mais apparemment francophone) quand il use perfidement de l’adjectif possessif pour évoquer le départ d’Inguimberty : « Inguimberty quitte définitivement son delta [...]. Il retrouvera les motifs de sa Marseille natale » ?
Un peu plus loin, les dehors d’objectivité historique cachent mal la méchanceté qui préside au choix des mots pour décrire les activités de Marguerite Donnadieu, future Duras : « Elle est affectée au Comité de la propagande de la banane, planche ensuite sur le thé ». J’en resterai là.


Comble de coïncidence, voici que dans le Monde de ce 3 août, dans l’excellente série consacrée aux revues qui ont marqué la fin du XXe siècle, paraît le 19e épisode consacré à Hérodote, la revue dont le premier numéro avait ouvert les hostilités en 1972 contre la géographie traditionnelle en général et Pierre Gourou en particulier. C’était en pleine guerre du Viet-Nam, la thèse de Pierre Gourou Les Paysans du delta tonkinois, étude de géographie humaine (soutenue en 1936) fournissait à l’armée des États-Unis des informations cartographiques précieuses, de nature à mieux cibler ses bombardements des digues du Fleuve Rouge !

Lors de mes conversations de plus en plus nombreuses avec Pierre Gourou à mesure qu’il vieillissait, j’ai admiré la courbe vertigineuse de sa trajectoire intellectuelle, la tranquille assurance avec laquelle, parti cinquante ans plus tôt d’une lecture (forcément) coloniale du monde, il en était arrivé à 90 ans largement passés, à chercher à intégrer dans son incessante interrogation et ses infatigables réflexions, des éléments nouveaux aussi radicalement éloignés de tout ce qu’il connaissait, que le sida ou l’informatique et plus précisément l’internet, sujets sur lesquels il ne cessait de m’interroger tout en s’excusant de l’impuissance de son intellect déclinant à en venir à bout.

Pierre Gourou, du pessimisme tropical à l’optimisme raisonné…

Les paysans du delta tonkinois – Etude de géographie humaine

L’Hindouisme traditionnel et l’interprétation d’Alain Daniélou,
par Jean-Louis Gabin, Cerf, coll. « l’Histoire à vif », 590p

En relisant le nom de cet auteur, je me dis que j’aurais aussi pu initituler ce billet : Du rififi chez les gourous, mais je préfère le clin d’oeil à Claude Lévi-Strauss.

Garde à vue : 1 % de la population

Posté dans divers, MOTS par kerbacho - Date : août 2nd, 2010

Estomaqué ce soir à la lecture de cette information dans le Monde au sujet de la garde à vue en France : en 2009, 720 000 personnes ont été placées en garde à vue, soit plus d’1% de la population française !

Comment expliquer cette passion, fascination, soumission du Français face à l’uniforme de policier ?

Mères, pères, grands-pères, grands-pères, qu’avez-vous donc raconté à vos petits pour qu’ils se lancent si massivement dans cette profession (certes honorable a priori) ?
Quelle pensée, quelle éducation, quelle économie, quelle frustration, quelle illusion justifient-elles une telle dérive ? Mystère.

Märde in Phrance (suite)

Posté dans MOTS par kerbacho - Date : août 1st, 2010

Dans un récent article de la page Décryptage/Débats du Monde, intitulé Halte à la discrimination des Tziganes ! le sociologue Jean-Pierre Liégeois montre en termes mesurés comment on use et on mésuse des mots made in France.

« L’expression « gens du voyage » est un néologisme administratif développé en France dans les années 1970. Cette catégorie aux contours flous permet d’y mettre ce que l’on souhaite pour répondre à des objectifs politiques. Ainsi la loi de juillet 2000, relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage, les caractérise par la mobilité de leur résidence. Mais souvent l’administration parle des « gens du voyage sédentarisés » ce qui renforce la confusion.

Or, ces gens du voyage sont souvent des Roms, des Gitans, des Manouches, etc., autant de groupes qui sont les éléments d’une mosaïque qu’on peut, en français, nommer « tzigane ». [...] Le discours politique, ces derniers temps, laisse entendre que les Roms seraient des étrangers, ce qui est une autre source de malentendu car les Roms sont présents dans la catégorie des gens du voyage, et plus nombreux encore sont ceux fixés depuis des générations en France.

Ainsi mettre sur le même plan gens du voyage et Roms est une erreur, car il s’agit, d’un côté, d’une catégorie administrative, et de l’autre, d’un ensemble socioculturel millénaire originaire de l’Inde, avec une langue dérivée du sanskrit, et représentant plus de 10 millions de personnes en Europe. Faire des Roms des étrangers est aussi une erreur, car la plupart de ceux qui sont en France sont français. [...]

[...] On remarque que le résultat de la réunion est prédéterminé : elle va décider de l’expulsion. Mais va-t-on expulser ceux qui sont citoyens français, majoritaires parmi les populations visées ? S’il s’agit de ceux qu’on met dans la catégorie gens du voyage, il convient de rappeler que l’accueil de ces familles est prévu dans une première loi de 1990, si peu mise en œuvre qu’il a fallu en adopter une deuxième, en 2000, très peu appliquée à son tour, au point que plus de 50 % des places d’accueil des familles ne sont pas réalisées.

Devant la cathédrale de Cologne, Antoine en conversation avec un gamin musicien - 2002
2002 – Étrangers en conversation devant la cathédrale de Cologne

Autrement dit, mathématiquement, plus de 50 % des gens du voyage sont en situation irrégulière parce que les collectivités locales sont en infraction, et parce que les préfets ont manqué à leur devoir. Ainsi on rend responsables des familles qui sont victimes de la défaillance des collectivités locales et de l’inertie des pouvoirs publics. Si elles sont expulsées, où iront-elles, puisque l’espace d’accueil n’existe pas ? Va-t-on les reconduire à la frontière, renouant avec les politiques menées pour les Tziganes dès le XVe siècle, ou les déporter, comme ce fut souvent le cas ?

Il faut enfin rappeler qu’à l’égard des Tziganes et des Roms, la France est dans une position d’illégalité. La loi de 1969, qui régit le statut des personnes sans domicile ni résidence fixe, non seulement instaure une catégorie de citoyens discriminés et sous liberté surveillée, porteurs de livrets ou de carnets à faire viser régulièrement, mais elle n’est pas conforme à la Constitution puisqu’elle les oblige, pour voter, à trois ans de rattachement à une commune au lieu de six mois en droit commun.

[...] Pourtant on peut craindre que la France ne se mette davantage encore hors la loi : dans la dynamique des propos tenus par ses responsables politiques, on peut être inquiet quant aux décisions qui seront prises, ou qui sont déjà prises. Les expulsions collectives promises par le chef de l’Etat, alors qu’elles sont déjà trop fréquentes partout en France, ne sont généralement pas légales. L’avenir est sombre, ni social, ni culturel, ni éducatif, ni même politique dans le sens noble, mais policier. »

L’ADN des mots, la vrille de leur(s) sens ; au milieu, le néant d’un avenir policé.

Rappel : « Quand tu mettras ton nez en mon cul, sois recors de deschausser tes lunettes » Rabelais – Pantagruel – Tiers Livre