La Princesse de Clèves sous les nuages

Posté dans divers, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : septembre 27th, 2010


Une première que je n’oublierai pas de si tôt ! J’avais déjà (un peu) pris l’avion avant ce vol en 777, pour aller survoler la Sologne ou Étretat en Cessna, ou pour aller en Corse dans un Mercure de l’Aéropostale, mais jamais pour un vol aussi long qu’un demi-tour du monde de Paris à Osaka.

Beaucoup d’idées me sont passées par la tête durant le long face à face avec ce gros cylindre en attendant d’embarquer, mais à aucun moment je ne pensais que cette expérience serait à ce point troublante et enrichissante.

 



 


Le 777 vient de décoller, cap au nord. Quelques dizaines de minutes plus tard, après avoir passé Bruxelles et Anvers, nous laissons à l’ouest la province de Zeeland, au sud des Pays-Bas, et le motif géométrique si particulier des polders. Cette photo n’est pas prise au hasard. Au premier plan, sous le reflet de la carte, la digue Grevelingendam et tout en bas le bout de Anna Jacobapolder où habitent mes amis Mickey et Chico. À quelques centaines de mètres près, leur maison serait sur la photo.
Le grand polder à gauche est le Schouwen Duiveland, et à droite le polder Goeree-Overflakkee.

 


Étonnantes ressources des vues de Google Maps qui m’ont permis de retrouver l’endroit en quelques secondes. D’ailleurs les images du satellite, si on les agrandit, sont infiniment plus détaillées que celles-ci.

 


Le même endroit vu dans Google Maps:

 




 


Le même endroit vu avec Google Earth :

 




 


En progressant toujours vers le nord, l’avion longe la côte néerlandaise. Au premier plan, en bas à droite, la ville d’Alphen aan Den Rhijn. À gauche la ville de Leiden, et la station balnéaire de Katwijk tout au bout au bord de la mer.

 



 


Le même endroit vu dans Google Maps :

 



 


De l’autre côté de l’avion, vers l’est, les premiers flocons de nuages depuis le décollage.

 



 


La conformation particulière de la digue au premier plan m’a permis de retrouver assez facilement l’endroit. La ville derrière le plan d’eau est Hilversum. En bas à droite Maarsen et à peine visibles les bords de la ville d’Utrecht. Au loin Soest et Amersfoort et les premiers nuages, et très loin derrière le Nord de l’Allemagne.

 




 


En m’égarant dans Google Maps, je viens de découvrir sous les nuages l’existence de la ville de Kleve.
C’est donc de là que vient la fameuse Princesse de Clèves dont je n’ai qu’un bien nébuleux souvenir !

 



 


 



 


Ça se couvre pour de bon au nord de l’Allemagne, au-dessus de la Mer du Nord, sans doute du côté de Bremerhaven.

 


Ici nous sommes du bon côté des nuages.

 


La réalité du plancher des vaches s’éloigne.

 


 



 


 


Plus de frontières, ni de routes, ni de patrie, ni de dieu, ni aucune construction humaine, rien qu’une féérie cotonneuse aux variations infinies.
Une beauté à vous couper le souffle.
Et la parole.

Qu’il vaut mieux laisser à Baudelaire :

« — Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?

— Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »

 


 



 


 


 



 


 


 


 



 


 


 


 


 



 


 


 


 

Raga Malashri

Posté dans divers, ÉCOUTER, ENTENDRE, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : septembre 23rd, 2010

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Hassan Baksh, sarangi – Raga Malashri [ Source : http://sarangi.info, une autre facette du Pakistan]

Malashri ou Malshri est un des ragas excentriques de la musique classique indienne puisqu’il n’est composé que de trois notes principales, avec quelques notes de passage à peine effleurées, et que ces notes principales sont celles de l’accord majeur do-mi-sol, de sorte que pour une oreille occidentale cette musique évoque immanquablement une sonnerie de clairon (à condition d’avoir déjà entendu cet appel de musique militaire, bien sûr).

Lors de nos conversations, mon ami Kurt F. a plusieurs fois évoqué le souvenir d’un concert mémorable d’Ali Akbar Khan auquel il a assisté en Inde, et au cours duquel le grand joueur de sarod a pendant trois quarts d’heure (ou même davantage, je ne sais plus au juste) développé ce raga, pourtant très limité, devant une salle électrisée.

En voici une belle version, d’un peu plus de 20 minutes, par ce maître récemment disparu. Comme en témoignent les craquements, il s’agit d’un extrait de 33 tours, daté de 1983.


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Ali Akbar Khan, sarod - Swapan Chaudhuri, tabla – Raga Malashri

Dans les deux cas le tala est teental et les musiciens usent de subtilités rythmiques pour agrémenter leur jeu et compenser la minceur du matériau mélodique.

Raga Malashri

Posté dans ÉCOUTER, ENTENDRE, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : septembre 23rd, 2010

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Hassan Baksh, sarangi – Raga Malashri [ Source : http://sarangi.info, une autre facette du Pakistan]

Malashri ou Malshri est un des ragas excentriques de la musique classique indienne puisqu’il n’est composé que de trois notes principales, avec quelques notes de passage à peine effleurées, et que ces notes principales sont celles de l’accord majeur do-mi-sol, de sorte que pour une oreille occidentale cette musique évoque immanquablement une sonnerie de clairon (à condition d’avoir déjà entendu cet appel de musique militaire, bien sûr).

Lors de nos conversations, mon ami Kurt F. a plusieurs fois évoqué le souvenir d’un concert mémorable d’Ali Akbar Khan auquel il a assisté en Inde, et au cours duquel le grand joueur de sarod a pendant trois quarts d’heure (ou même davantage, je ne sais plus au juste) développé ce raga, pourtant très limité, devant une salle électrisée.

En voici une belle version, d’un peu plus de 20 minutes, par ce maître récemment disparu. Comme en témoignent les craquements, il s’agit d’un extrait de 33 tours, daté de 1983.


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Ali Akbar Khan, sarod - Swapan Chaudhuri, tabla – Raga Malashri

Dans les deux cas le tala est teental et les musiciens usent abondamment de subtilités rythmiques pour agrémenter leur jeu et compenser la minceur du matériau mélodique.

Sur l’air de « Savez-vous planter des sous ? »

Posté dans divers, MOTS par kerbacho - Date : septembre 21st, 2010

« Le capitalisme est cette croyance étonnante que les plus mauvais des hommes feront les pires des choses pour le plus grand bien de tous

John Maynard Keynes – Economiste anglais, 1883-1946

Moi, la finance et le développement durable : savez-vous où va vraiment votre épargne ?

Film documentaire de Jocelyne Lemaire-Darnaud

Sortie le 29 septembre 2010 au cinéma

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Qui invitera le film et sa réalisatrice pour des projections en Belgique ?

Pas suspendus

Posté dans divers, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : septembre 20th, 2010

Depuis quelques temps j’hésite à parler ici d’une superbe série de photos, étrangement dérangeantes. Je ne l’ai pas fait car il me paraissait inopportun de n’en citer (et de n’en reproduire ici) qu’une ou deux, et de trahir ainsi l’idée de série. Ne publier qu’un lien me frustrait tout autant.

Toutes ces photos ont une lumière apparemment théâtrale et pourtant (probablement ?) naturelle, des regards à la fois vides, inexpressifs, mais aussi chargés de mille pensées hétéroclites, cueillis à la volée, dans un escalier (de métro ?).
« À la volée » est ici à double sens : d’une part ces photos sont de toute évidence faites à la dérobée, et d’autre part il s’en dégage une impression de fugace légèreté ou d’apesanteur, que j’attribue au fait que toutes les personnes ont un pied en l’air.
L’excellence des optiques Nikon ne semble pas non plus étrangère à la transparence de l’air et de la lumière.

Et puis voilà, aujourd’hui je me décide. Il y a des jours où il faut savoir se faire plaisir. J’en dérobe une à mon tour. Je ne sais pas si c’est ma préférée, mais elle me touche.
Merci Antoine ! :-)
Antoine Meyer - Le pas suspendu

L’expression est empruntée au titre d’un film marquant de Theo Angelopoulos, Le Pas Suspendu de la Cigogne, dont peut trouver deux scènes marquantes sur YouTube.

«Un pas de plus et je suis de l’autre côté… ou mort.»
Absurdité monstrueuse des frontières, plus que jamais d’actualité.

Insel Hombroich (10)

Posté dans divers, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : septembre 18th, 2010

Insel Hombroich 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

Inde – Finlande : rhizomes musicaux

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : septembre 17th, 2010

Une des pièces de musique les plus dynamiques et les plus excitantes que j’aie jamais entendues, tous genres confondus.
Merci Vincent, je n’oublierai jamais ce moment de ton retour de Finlande !

Narayan Rao Vyas | R. AdanaYari Mohi Gatai Dehi Mai Shaim

Mis en ligne sur YouTube par vintageaudio54, pseudonyme de R.A., amoureux et connaisseur extraordinaire aussi bien de la musique carnatique que de la musique hindoustanie, collectionneur exceptionnel et généreux, et vieil ami originaire de Ceylan, venu à Bruxelles de l’île de Guam et reparti trop vite pour les États-Unis, qui m’a encouragé à persévérer et à approfondir ma quête en matière de musique classique indienne.
Se perdre dans les quelques bribes entubées de sa collection est la garantie d’une expérience de qualité et l’assurance de découvertes enrichissantes.
Avant d’aller s’égarer volontairement dans cet univers délicieusement éclectique, un dernier petit Narayan Rao Vyas de derrière les fagots.

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Narayan Rao Vyas | R. Durga - sakhi mori rumjhum
On reste songeur à l’idée que ces 78 tours ont connu un succès commercial phénoménal en Inde dans les années 1940.

Discipline – vu(e) au Japon

Posté dans divers, MOTS, REGARDER par kerbacho - Date : septembre 16th, 2010

Au Japon, parmi les choses qui frappent d’abord l’Européen (surtout s’il a le tempérament latin), il y a la discipline et le sens de l’organisation.
À la gare par exemple, on se met en double-file, pas pour déposer quelqu’un, mais pour attendre le trains, lequel arrive et reparte évidemment pile à l’heure indiquée sur des panneaux lumineux bilingues parfaitement clairs.
Je n’ai pas eu le coeur de signaler aux autorités la toile d’araignée repérable sous la lampe en haut de la photo, de peur que cette dénonciation n’accule au suicide le chef de gare déshonoré ou d’un de ses subalternes.

Gare de Kyoto – juin 2010

Que l’on soit jeune ou moins jeune, coiffé ou décoiffé comme ceci ou comme cela, on est discipliné, et on attend patiemment comme tout le monde en double file sur les quais de gare et de métro.

Gare de Kyoto – juin 2010

Quand un train arrive, les voyageurs qui descendent passent sans se bousculer entre les deux files de voyageurs qui… ne montent pas avant que les autres soient descendus.

Les chauffeurs de taxi ne portent pas de casque ni de gants blancs mais s’entourent de dentelle. Leur carte d’immatriculation n’est pas bilingue, mais elle apparaît en trois ou quatre exemplaires dans la voiture.

Les gants blancs sont omniprésents, même sur les mains des hommes politiques dont on sait qu’ils ont, au Japon, les mains pourtant assez sales. Ce bus de propagande politique est arrêté à un grand carrefour devant la gare d’Osaka et le harangueur débite sa propagande (dans laquelle je ne reconnaissais que le mot «America» qui revenait sans cesse), tandis qu’un personnage salue la foule en agitant doucement sa main gantée. Des heures durant dans un vacarme de foire.

En fait de foule, personne, à part moi et la jeune femme en blanc, pensive, appuyée contre le mur à droite du bus, ne semble prêter la moindre attention à ce rituel dont la nuisance sonore est particulièrement désagréable.

Les ouvriers n’ont pas de gants blancs, mais ne quittent jamais leur casque de chantier, même dans la rue.

Devant chaque chantier, chaque parking, il y a un ou plusieurs gardiens.

Casque et uniformes : gardiens au carrefour de la gare d’Osaka, devant l’immeuble du grand magasin Yodobashi.

Dans ce grand magasin d’électro-ménager à la japonaise, on essaye de vous faire voir la vie en rose, mais l’ambiance comme partout en ville m’a paru plutôt morose. Les Japonais et surtout les Japonaises que j’ai vus se départir de leur expression de préoccupation impénétrable, affichaient aussitôt un sourire certes radieux mais qui finalement m’a paru tout aussi distant et hermétique.

Osaka – Yodobashi – La vie… en rose – juin 2010

Autre accessoire très répandu, la peluche. Ça aide sans doute à voir la vie rose. Il y en a une dizaine accrochées au téléphone de cette fille vue à la gare d’Osaka.

Il y a beaucoup de vélos au Japon, mais curieusement je n’ai vu aucune piste cyclable. Les vélos roulent sur les trottoirs et empruntent les passages pour piétons, mais ne forcent jamais le passage. Je n’ai pas entendu une seule sonnette de vélo.

Ignorant des usages nippons, j’ai même failli faire tomber une dame de son vélo parce que j’avais à tort cru opportun de m’effacer pour lui laisser le passage. Mon geste pour elle incongru lui a fait perdre l’équilibre…

Beaucoup de dames à vélo (sans doute parce qu’à l’heure où je me promenais les messieurs étaient au boulot. Elles portent tout soit un chapeau, soit une casquette, soit une visière, soit un parapluie pour se protéger du soleil.


Kyoto – Dans la rue – juin 2010

Le port du casque n’est pas incompatible avec l’usage du triporteur.

Osaka – Kansai, juin 2010, quelques instants avant le décollage

Ce salut final, discipliné, casqué et révérencieux au moment où chaque avion quitte le terminal montre bien que pour y comprendre quelque chose au Japon, il faudrait d’abord se faire traduire son mode d’emploi.

Osaka-Kansai – juin 2010

… et surtout y retourner souvent et longtemps !

Je m’aperçois que finalement, ce que j’ai vu de plus étonnant au cours de ce voyage, je ne l’ai pas photographié, tant j’étais resté interloqué par ce que je voyais et ne comprenais pas : dans ce monde urbain, apparemment assez dur, j’ai vu, notamment dans la gare d’Osaka, des enfants seuls, d’un âge auquel dans nos capitales personne ne laisse plus ses gamins circuler sans accompagnement. Joyeux, et apparemment ravis d’être là, parfaitement à l’aise, sûrs d’eux, vifs comme des papillons, ils se faufilaient entre les voyageurs vers leur quai et leur train, ce qui n’est pas tout à fait aussi simple qu’on l’imaginerait sans connaître la complexité du réseau ferroviaire japonais. Encore un signe, sans doute, de ce sens fascinant pour la discipline au Japon.

Le progrès en musique

Posté dans divers par kerbacho - Date : septembre 13th, 2010

In art, in culture in general, progress does not mean doing away with the past.
It is the ability to see the present from the eyes of the past, and to see the past from the eyes of the present.

Daniel Barenboiminterview with Donald Macleod’s covering the conductor’s involvement with Wagner’s Ring

Salamat Ali Khan

Posté dans divers, ÉCOUTER, HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : septembre 12th, 2010

Où est passé cet inestimable patrimoine musical du Pakistan ?


Multani Kafi en Sindhi Bhairavi par Salamat Ali Khan superbement accompagné au tabla par Shaukat Hussain Khan. Le nom du joueur de sarangi est inconnu, je crois..

Après cette merveille (qui n’est ni le raga Multani ni le raga Kafi, mais une composition dans le genre Kafi, de la région de Multan), il n’est pas inintéressant d’écouter aussi une interprétation de la même composition enregistrée par la radio de Bombay (il n’y a pas d’image vidéo, mais ça ne s’écoute que mieux les yeux clos).
Puis on écoutera R. Rageshree par le même artiste en 1974 à Berlin (sans doute peu après la rupture entre les deux frères). Il y a trois épisodes dont les deux derniers sont Raga Asavari. Ici, plus de sarangi, mais un accompagnement (assez en retrait) à l’harmonium.

Il y a aussi sur YouTube l’interprétation pleine de fraîcheur du très beau Raga Durga, un superbe Lalit, et bien d’autres bijoux dans la collection de cirrhosed. À consommer sans restriction !