Christoph Prégardien

Posté dans divers par kerbacho - Date : mars 30th, 2009

Extraordinaire concert de chant à Leut, la semaine dernière, avec le ténor allemand Christoph Prégardien, que je considère comme un des plus grands chanteurs que je connaisse. En fait je ne le connais que par l’enregistrement de Winterreise (Voyage d’hiver), le formidable cycle de Lieder de Schubert — ce qui n’est déjà pas si mal et cela me comble tellement que je n’avais pas encore pensé à écouter d’autres enregistrements de lui.
Sa voix est extraordinairement homogène, claire, à la fois douce et forte. Du grave à l’aigu, le timbre ne change pas, dépouillé de tout effet de couleur ou de dramatisation. Le seul artifice, si l’on peut dire, c’est le volume.
Je ne connaissais que mal le cycle de la Belle Meunière, die Schöne Müllerin, qu’il a chanté ce soir-là et cette découverte a été à la mesure de mes attentes. Prégardien transfigure la beauté des Lieder de Schubert en en soulignant la musculature ferme et élastique. Pas une once de graisse, mais un cliquetis poétique parfaitement calibré. Comme une scrutation vétilleuse de la mécanique de l’âme humaine par un horloger impitoyable mais juste.

Autre découverte étonnante : l’accompagnateur Michael Gees, pianiste partenaire, dynamique en diable, mais discret quand il le faut. Je ne connaissais pas l’oeuvre et ne saurais donc dire si ce que le pianiste a joué était exactement ce qu’a écrit Schubert, et je n’en doute pas d’ailleurs, mais si on me disait que de temps en temps il improvisait des passages, je n’en serais pas surpris, tant son jeu rayonne de spontanéité.

Cristoph Prégardien & Michael Gees
Tout ça à 10 minutes de chez moi ! Quand on voit le calendrier de concerts du chanteur sur son site, on mesure la chance que l’on a de le voir à Maasmechelen qui est bien mentionné, entre Tokyo, New-York et Londres !
Comme le concert se déroulait dans la petite église et non au château de Leut, et que je suis arrivé un peu tard, j’ai eu à souffrir au dernier rang de la réverbération naturelle de l’édifice. Comme souvent dans ces cas-là, je mets mes mains en coquille sur mes oreilles pour favoriser les ondes directes et filtrer le plus possible d’ondes réfléchies. C’est fatigant, mais ça marche bien, car l’image sonore obtenue « avec les mains en conques sur les oreilles » est beaucoup plus précise que sans.
J’ai cependant observé un phénomène curieux au fil du concert. Au début, la différence entre l’écoute avec ou sans les mains est très forte. Chaque fois que j’enlève les mains, la réverbération noie les détails. Dès que je remets les mains, c’est comme si je me rapprochais de 10 mètres du chanteur et tout redevient net. Mais curieusement après une quarantaine de minutes, cette différence paraissait de moins en moins sensible, comme si l’oreille s’habituait ou se fatiguait.

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Bade Ghulam Ali Khan

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : mars 25th, 2008

R. Hameer    
par Ustad Bade Ghulam Ali Khan
Le lyrisme de la musique classique indienne : douceur, splendeur et simplicité.

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Master Manohar Barve (1910 – 1972)

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : mars 4th, 2008

Manhar Barve aka Manohar Barwe

A l’âge de quatorze ans, ce chanteur et instrumentiste phénoménal avait déjà été honoré de tous les titres que les plus grands musiciens convoitent leur vie durant et n’obtiennent le plus souvent que très tard, trop tard, ou jamais.

    Raga Sarang dhundhungi main apne piya ko

    Raga Patdipkidhan dhan bhag piya mere

Le père de Manohar Barve, Ganpati Rao Gopal Rao Barve a été le disciple de Maulabaksh Khan (aka Moulabax Khan), célèbre musicien de la cour de Baroda, mentionné dans les biographies d’Abdul Karim Khan pour une anecdote instructive, selon laquelle, conformément à la règle traditionnelle de séniorité qui interdisait à des musiciens de rang inférieur de se produire après les grands maîtres, Maulabaksh aurait un jour, dans les années 1890, refusé de chanter après Aliya Khan, l’un des fondateurs de la Patiala Gharana, de passage à la cour de Baroda. En effet, le maharadja (aka Monsieur de Perleminouze), peut-être piqué par l’accueil triomphant fait par sa cour à ce musicien invité, avait mis au défi ses propres musiciens de chanter à leur tour. Or devant le refus de Maulabaksh et de ses collègues musiciens de la cour de Baroda, le prince invita le jeune duo de chanteurs Abdul Karim et son frère Abdul Haque (alors âgés d’une vingtaine d’années et employés pour enseigner la musique aux femmes de la cour), lesquels ne se firent pas prier pour relever le défi. Cette transgression leur valut une célébrité immédiate mais aussi l’opprobre (et l’eau sale) des autres musiciens attachés aux règles de séniorité.
Abdul Karim Khan est aussi le père de Suresh Babu Mane et d’Hirabai Barodekar, mais je m’égare. Tout ça parce que Latafat Hussain chante si bien Patdipki, plus connu sous le nom de Patdeep. On reprendrait bien un peu de Barve pour finir…

    Raga Puriyalogva sune piyarva

N5824 – Cassette HMV STC 04B 7503 (1991) – Great Masters vol.III

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Pranpiya aka Ustad Vilayat Hussain Khan

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : mars 3rd, 2008

Vilayat Hussain Khan - accompagnateurs, date et lieu inconnus

Vilayat Hussain Khan apparemment dans la fleur de l’âge, mais où (apparemment lors d’un concert en hommage à V.D. Palushkar si on en juge par le portrait encadré) et quand (dans les années 40 ou 50 si on en juge l’âge du chanteur et par le type de micro) et avec qui ? Le second chanteur pourrait-il être son fils Yunus Hussain ? Le joueur de sarangi et le joueur de tabla devraient être identifiables aussi par recoupement.

Dans ces quatre morceaux, toujours dans l’ordre de parution des 78 tours (numérisés par Kurt F. — ewigen Dank!), se trouvent, sans doute pas tout à fait par hasard, quatre de mes ragas préférés, dont certains prisés par les chanteurs de l’Agra Gharana, Raga Barva p.ex.
     Odeon A-245097
Raga Vasant – Khyal – bhamvarare phuli ban vellarian – Trital
Raga Malkauns – Khyal – sa sandura badan ke – Jhaptal
   

     Odeon SB-234
Raga Bahar – Khyal – Hari Hari ratima – Tintal
Raga Barva – Khyal – baje mori payaliyan – Tintal

Ce qui me fait penser à la belle interprétation d’une autre composition dans le R. Barva par Asad Ali Khan, un chanteur de l’Agra Gharana, trop peu connu, trop tôt disparu et auquel je dois tant d’émotions musicales.
Ce sera pour bientôt.

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