La Princesse de Clèves sous les nuages


Une première que je n’oublierai pas de si tôt ! J’avais déjà (un peu) pris l’avion avant ce vol en 777, pour aller survoler la Sologne ou Étretat en Cessna, ou pour aller en Corse dans un Mercure de l’Aéropostale, mais jamais pour un vol aussi long qu’un demi-tour du monde de Paris à Osaka.

Beaucoup d’idées me sont passées par la tête durant le long face à face avec ce gros cylindre en attendant d’embarquer, mais à aucun moment je ne pensais que cette expérience serait à ce point troublante et enrichissante.

 



 


Le 777 vient de décoller, cap au nord. Quelques dizaines de minutes plus tard, après avoir passé Bruxelles et Anvers, nous laissons à l’ouest la province de Zeeland, au sud des Pays-Bas, et le motif géométrique si particulier des polders. Cette photo n’est pas prise au hasard. Au premier plan, sous le reflet de la carte, la digue Grevelingendam et tout en bas le bout de Anna Jacobapolder où habitent mes amis Mickey et Chico. À quelques centaines de mètres près, leur maison serait sur la photo.
Le grand polder à gauche est le Schouwen Duiveland, et à droite le polder Goeree-Overflakkee.

 


Étonnantes ressources des vues de Google Maps qui m’ont permis de retrouver l’endroit en quelques secondes. D’ailleurs les images du satellite, si on les agrandit, sont infiniment plus détaillées que celles-ci.

 


Le même endroit vu dans Google Maps:

 




 


Le même endroit vu avec Google Earth :

 




 


En progressant toujours vers le nord, l’avion longe la côte néerlandaise. Au premier plan, en bas à droite, la ville d’Alphen aan Den Rhijn. À gauche la ville de Leiden, et la station balnéaire de Katwijk tout au bout au bord de la mer.

 



 


Le même endroit vu dans Google Maps :

 



 


De l’autre côté de l’avion, vers l’est, les premiers flocons de nuages depuis le décollage.

 



 


La conformation particulière de la digue au premier plan m’a permis de retrouver assez facilement l’endroit. La ville derrière le plan d’eau est Hilversum. En bas à droite Maarsen et à peine visibles les bords de la ville d’Utrecht. Au loin Soest et Amersfoort et les premiers nuages, et très loin derrière le Nord de l’Allemagne.

 




 


En m’égarant dans Google Maps, je viens de découvrir sous les nuages l’existence de la ville de Kleve.
C’est donc de là que vient la fameuse Princesse de Clèves dont je n’ai qu’un bien nébuleux souvenir !

 



 


 



 


Ça se couvre pour de bon au nord de l’Allemagne, au-dessus de la Mer du Nord, sans doute du côté de Bremerhaven.

 


Ici nous sommes du bon côté des nuages.

 


La réalité du plancher des vaches s’éloigne.

 


 



 


 


Plus de frontières, ni de routes, ni de patrie, ni de dieu, ni aucune construction humaine, rien qu’une féérie cotonneuse aux variations infinies.
Une beauté à vous couper le souffle.
Et la parole.

Qu’il vaut mieux laisser à Baudelaire :

« — Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?

— Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »

 


 



 


 


 



 


 


 


 



 


 


 


 


 



 


 


 


 

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