Exemple de maîtrise parfaite d’un raga difficile sur un instrument difficile. Cet enregistrement de studio indien, dont les images ne sont pas très agréables, doit dater d’il y a un peu moins de vingt ans (années 90). Il me semble qu’Ashsish Khan était alors dans sa cinquantaine. Et en pleine possession de ses moyens.
Les tubes électroniques ne cessent de charrier des pépites qui promettent un bien bel avenir au sarod.
Le son de ces enregistrements est malheureusement un peu limite (et même au-delà), on remarque ici et là des petits problèmes de justesse (?), mais quelle musicienne ! Que de belles et fines trouvailles ! Et le joueur de tabla me plaît bien aussi.
Et ces yeux de Kolkata…
J’ai eu la chance d’entendre Sougata Roy Chowdhury en concert à Köln avant l’été, dans une de ces petites galeries indianisantes comme on en voit dans toutes les villes d’Europe, où l’on vend des objets artisanaux, magnifiques au demeurant, à des prix qui (me) laissent songeur et me mettent mal à l’aise.
Les Indiens qui se lancent et persistent dans l’exercice difficile du métier de musicien devraient y réfléchir à deux fois, car cette voie-là ne fait pas recette. Ils y gagnent en un soir tout juste de quoi payer le coussin en kilim sur lequel ils sont assis (au prix où il est vendu par cette galerie). La très jolie salle, d’une capacité d’une quarantaine de sièges et même plus, si l’on se pousse un peu, n’accueillait ce jour-là qu’une dizaine de personnes. En dépit de ce décor pourtant idéal sur le plan de l’esthétique, je me suis senti d’emblée submergé par la morosité, importuné par le poids des malentendus qui entourent la réception de la musique indienne.
Je pensais à la condition des artisans, à celle des musiciens, au contraste entre leur monde et l’opulence des bourgeois de Cologne.
Je connaissais un peu Sougata, fringant jeune homme, pour l’avoir rencontré en coulisses il y a longtemps à Paris, puis pour avoir eu des contacts indirects avec lui, surtout au sujet de la très belle collection d’enregistrements anciens de musique classique indienne de son père Sarabari Roy Chowdhury. Mais pas pour sa réputation de musicien qui n’était pas arrivée jusqu’à moi comme celle d’un professionnel du calibre de ceux qui m’intéressent d’habitude. À tel point que jusqu’à ce samedi de juin 2011 je ne connaissais à peu près rien de son itinéraire musical et que j’avais beaucoup hésité avant de me rendre à Cologne pour ce concert.
Comme souvent, c’est quand on s’y attend le moins que les miracles se produisent. Au fur et à mesure que j’écoutais Sougata, découvrant la richesse et la subtilité de sa musique, et sa maîtrise du sarod, les pensées pénibles d’avant le concert se sont évanouies. Entre autres évocations, j’ai pensé fugitivement au jeu de Partho Sarathy, sans doute pour sa douceur. Un rapprochement confirmé après le concert à la lecture de la biographie de Sougata : tout comme Partho (et de nombreux autres joueurs de sarod de grand talent), il a été l’élève de Dhyanesh Khan***, sarodiya trop tôt disparu.
Je recommande donc chaudement le concert qui se donnera au Musée Guimet – Paris – 6, place d’Iéna : vendredi 14 octobre à 20h30 : Sougata Roy Chowdhury (sarod) & Prabhu Edouard (tabla)
Les mérites de Prabhu étaient heureusement arrivés jusqu’à mes oreilles depuis longtemps déjà !
*** Je ne connais que quelques enregistrements audio de Dhyanesh Khan dont un LP Chhanda Dhara, et un seul enregistrement vidéo sur lequel on ne le voit d’ailleurs que peu :
Posté dans ÉCOUTER par kerbacho - Date : juin 21st, 2011
Lorsque je l’ai vue et entendue pour la première fois, sans rien savoir ni d’elle ni de sa musique, j’ai senti dès ses premiers coups d’archet une force et une présence particulières. Non seulement cette impression ne s’est pas démentie mais devient plus intense à chaque fois que je l’écoute.
Elle revient vendredi soir à Maasmechelen, plus précisément à la Sint-Remigiuskerk de Vucht, pour un concert en solo que je ne saurais trop recommander et que je ne raterai pas.
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Improvisation F M Uitti with Jonathan Harvey synthesizer
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F M Uitti | Britsum 2 bow chorale
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F M Uitti | 2 bow Homage to GS | On devine que GS est Giacinto Scelsi.
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Rap’t
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ADHD
Écoutez comme elle chevauche son instrument qui jamais ne se cabre car jamais elle ne le malmène.
Je me rends compte, tout en écrivant ces lignes, que je n’irai donc pas à Bruxelles vendredi soir pour écouter la chanteuse Kaushiki Chakrabarty qui se produit au Palais des Beaux-Arts avec Subhankar Banerjee au tabla.
On lit dans les annonces de concerts que « les Gundecha Brothers, Umakant et Ramakant, invités au India Festival à Bozar en 2007, reviennent à Bruxelles pour enchanter le public par leur interprétation exquise du dhrupad ». La présentation sur le site de Bozar enfile allègrement les clichés : « la forme la plus ancienne et la plus pure de la musique indienne classique [...], le dhrupad est de nature spirituelle [...], sa richesse se fonde sur le déploiement systématique et majestueux des ragas traditionnelles (sic) ».
On peut oublier ce verbiage, mais la date du samedi 4 juin 2011 est à marquer dans nos agendas, car un concert de ces musiciens est une expérience de qualité, à condition toutefois de n’être pas allergique au dhrupad. Ce que je ne suis pas, puisque récemment encore je recommandais ici même l’écoute d’un enregistrement des Gundecha Brothers comme excellente introduction au langage et aux procédés techniques de la musique classique indienne.
Une bonne familiarité du dhrupad permet notamment de mieux saisir la spécificité de certains styles de khyal vocal, comme par exemple celui de l’Agra Gharana, ou même de khyal instrumental, comme celui de la Maihar Gharana, restés fidèles à certaines particularités du dhrupad.
J’ignore le cachet des Gundecha Broz, mais il me semble que s’il a fallu, pour mettre sur pied ce concert, le soutien de deux banques en plus de celui de l’Ambassade de l’Inde et qu’on demande en plus 15 € au public (tarif unique annoncé sur la page d’annonce du concert : fauchés, chômeurs, étudiants s’abstenir !), cela suppose que la bosse du commerce n’est incompatible ni avec la bosse de la musique ni même avec « la nature spirituelle du dhrupad ».
Quelle ne fut pas ma surprise, quand j’ai voulu retenir mon billet en ligne, de voir le tarif passer à 17 € au lieu des 15 € annoncés ! Une telle inflation serait-elle un effet secondaire du caractère spirituel du dhrupad ?
Je crois que finalement j’écouterai plutôt un CD ce soir-là, par exemple l’un des rares enregistrements des Senior Dagar (dont on trouve un extrait ici), dont le chant est moins policé, moins « choral » que celui des Gundecha. On y gagne en virilité ce qu’on perd en préciosité et on n’y perd pas au change.
Le concert à Bruxelles est gratuit mais le nombre de places limité.
Veuillez réserver sans tarder par un message adressé à concert@tarana.be en indiquant le nombre de places souhaité (deux max. par adresse de réservation).
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Arshad Ali Khan | Raga Darbari – Tarana
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Arshad Ali Khan | Raga Bhoopal Todi – vilambit gat
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Quand on sait la précision requise du musicien pour intoner la note juste – et quand je dis « la note », c’est en musique classique indienne non seulement la note elle-même mais aussi et surtout l’ornementation [plus ou moins élaborée selon le contexte] qui conduit à cette note, et sans oublier l’ornementation plus ou moins élaborée par laquelle on quitte la-dite note – quand on sait, disais-je donc, leur maîtrise à la fois mentale et de motricité ultra-fine, on ne peut que rester pantois devant les grands musiciens, vocalistes ou instrumentistes.
Sur la vicitra vina, jouée avec une boule de verre qui glisse à même les cordes pincées par la main droite à l’aide de plectres, il me semble que l’exercice est encore plus brillant, car le résultat est soit parfait soit… insupportable (ce qui n’est évidemment pas le cas ici !).
La vicitra vina, c’est l’épreuve de vérité.
Lalmani Mishra, vichitra veena – Raga Bhairavi
Lalmani Mishra, vichitra veena – Raga Ananda Bhairavi
« A borrowed raga from Carnatic Music, Ananda Bhairavi enfolds itself as a Dadra. »
Lalmani Mishra, vichitra veena – Raga Sindura
La qualité des images est terriblement détériorée, le timbre acidulé n’est plus qu’une caricature, mais la démonstration de la virtuosité de la main gauche du musicien est époustouflante.
C’est un de mes grands regrets de n’avoir jamais vu en concert ni feu Lalmani Mishra, ni feu son fils Gopal Shankar Mishra, ni aucun autre joueur de vicitra vina. Il faut dire qu’il n’y en a pas beaucoup, peut-être parce que l’instrument ne tolère aucune médiocrité ?
Je voue une immense admiration à Lalmani Mishra et éprouve pour lui une profonde gratitude.
Un de mes voeux les plus chers : organiser un jour quelques concerts de vicitra vina.
Rajrupa Sen, sarod – Parimal Chakroborty, tabla – Raga Rageshwari
Le son est médiocre, trop compressé, mais la musique vaut qu’on endure quelques désagréments. Rajrupa Chowdhury (née Sen) est une disciple du sitariste Sanjoy Bandopadhyay, remarquable musicien et pédagogue.
On peut aussi réécouter ceci dont le son est encore pire (saturé, trop de reverbération,…) mais quelle musique !
Rajrupa Sen, sarod – Parimal Chakroborty, tabla – Raga Dibavati
Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : avril 1st, 2011
Nandalal Ghosh est un musicien aussi remarquable que méconnu, dont je ne connaissais à ce jour que deux enregistrements captés à la radio indienne à Delhi. Le premier est le Raga Tilak Shyam. Le second est le bien rare raga Brindavani Sarang que j’avais oublié de mettre en ligne et que voici :
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Aocar
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Vilambit Gat
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Drut Gat
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Announcement
Nandalal Ghosh, sarod – Prem Vallabh, tabla – Raga Brindavani Sarang – AIR Delhi 03- 2002
Et voici que je tombe, ce soir, sur tout à fait autre chose :
À la fin de l’année dernière est apparue sur YouTube une interprétation remarquable de ce raga par un musicien trop peu connu à mon goût, et que je place très haut dans mon propre panthéon indien, comme le confirment d’ailleurs les quelques liens ci-dessous.