Dhrupad : inflation spirituelle ?

On lit dans les annonces de concerts que « les Gundecha Brothers, Umakant et Ramakant, invités au India Festival à Bozar en 2007, reviennent à Bruxelles pour enchanter le public par leur interprétation exquise du dhrupad ». La présentation sur le site de Bozar enfile allègrement les clichés : « la forme la plus ancienne et la plus pure de la musique indienne classique [...], le dhrupad est de nature spirituelle [...], sa richesse se fonde sur le déploiement systématique et majestueux des ragas traditionnelles (sic) ».
On peut oublier ce verbiage, mais la date du samedi 4 juin 2011 est à marquer dans nos agendas, car un concert de ces musiciens est une expérience de qualité, à condition toutefois de n’être pas allergique au dhrupad. Ce que je ne suis pas, puisque récemment encore je recommandais ici même l’écoute d’un enregistrement des Gundecha Brothers comme excellente introduction au langage et aux procédés techniques de la musique classique indienne.
Une bonne familiarité du dhrupad permet notamment de mieux saisir la spécificité de certains styles de khyal vocal, comme par exemple celui de l’Agra Gharana, ou même de khyal instrumental, comme celui de la Maihar Gharana, restés fidèles à certaines particularités du dhrupad.

J’ignore le cachet des Gundecha Broz, mais il me semble que s’il a fallu, pour mettre sur pied ce concert, le soutien de deux banques en plus de celui de l’Ambassade de l’Inde et qu’on demande en plus 15 € au public (tarif unique annoncé sur la page d’annonce du concert : fauchés, chômeurs, étudiants s’abstenir !), cela suppose que la bosse du commerce n’est incompatible ni avec la bosse de la musique ni même avec « la nature spirituelle du dhrupad ».
Quelle ne fut pas ma surprise, quand j’ai voulu retenir mon billet en ligne, de voir le tarif passer à 17 € au lieu des 15 € annoncés ! Une telle inflation serait-elle un effet secondaire du caractère spirituel du dhrupad ?
Je crois que finalement j’écouterai plutôt un CD ce soir-là, par exemple l’un des rares enregistrements des Senior Dagar (dont on trouve un extrait ici), dont le chant est moins policé, moins « choral » que celui des Gundecha. On y gagne en virilité ce qu’on perd en préciosité et on n’y perd pas au change.

One Response to “Dhrupad : inflation spirituelle ?”

  1. blessed écrit :

    En ce qui concerne le prix des places, BOZAR pratique une « politique » particulière, unique à ma connaissance: les places sont plus chères à la réservation que le soir même ( d’où les 17 euros)

    En ce qui concerne les Gundecha Brothers, pour ceux qui seraient intéressés un stage d’initiation au dhrupad est organisé le 1° juin et des cours le 3 juin chez B.Cornelis. Renseignements: Déborah Ollevier 0488 64 75 73

    Autre information: Sayeeduddin Dagar sera à Bruxelles en juin prochain pour un stage ( 11, 12 et 13 juin ) et un concert. Ne bénéficiant pour l’instant d’aucun soutien, le lieu et les conditions sont à l’heure actuelle indéterminés. Pour toute information: Lucia Thibault: 0473/712622

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