Sougata Roy Chowdhury en concert au Musée Guimet, à Paris

J’ai eu la chance d’entendre Sougata Roy Chowdhury en concert à Köln avant l’été, dans une de ces petites galeries indianisantes comme on en voit dans toutes les villes d’Europe, où l’on vend des objets artisanaux, magnifiques au demeurant, à des prix qui (me) laissent songeur et me mettent mal à l’aise.
Les Indiens qui se lancent et persistent dans l’exercice difficile du métier de musicien devraient y réfléchir à deux fois, car cette voie-là ne fait pas recette. Ils y gagnent en un soir tout juste de quoi payer le coussin en kilim sur lequel ils sont assis (au prix où il est vendu par cette galerie). La très jolie salle, d’une capacité d’une quarantaine de sièges et même plus, si l’on se pousse un peu, n’accueillait ce jour-là qu’une dizaine de personnes. En dépit de ce décor pourtant idéal sur le plan de l’esthétique, je me suis senti d’emblée submergé par la morosité, importuné par le poids des malentendus qui entourent la réception de la musique indienne.
Je pensais à la condition des artisans, à celle des musiciens, au contraste entre leur monde et l’opulence des bourgeois de Cologne.

Je connaissais un peu Sougata, fringant jeune homme, pour l’avoir rencontré en coulisses il y a longtemps à Paris, puis pour avoir eu des contacts indirects avec lui, surtout au sujet de la très belle collection d’enregistrements anciens de musique classique indienne de son père Sarabari Roy Chowdhury. Mais pas pour sa réputation de musicien qui n’était pas arrivée jusqu’à moi comme celle d’un professionnel du calibre de ceux qui m’intéressent d’habitude. À tel point que jusqu’à ce samedi de juin 2011 je ne connaissais à peu près rien de son itinéraire musical et que j’avais beaucoup hésité avant de me rendre à Cologne pour ce concert.
Sugata Roy Chowdhury aka Babui

Comme souvent, c’est quand on s’y attend le moins que les miracles se produisent. Au fur et à mesure que j’écoutais Sougata, découvrant la richesse et la subtilité de sa musique, et sa maîtrise du sarod, les pensées pénibles d’avant le concert se sont évanouies. Entre autres évocations, j’ai pensé fugitivement au jeu de Partho Sarathy, sans doute pour sa douceur. Un rapprochement confirmé après le concert à la lecture de la biographie de Sougata : tout comme Partho (et de nombreux autres joueurs de sarod de grand talent), il a été l’élève de Dhyanesh Khan***, sarodiya trop tôt disparu.

Je recommande donc chaudement le concert qui se donnera au Musée Guimet – Paris – 6, place d’Iéna : vendredi 14 octobre à 20h30 : Sougata Roy Chowdhury (sarod) & Prabhu Edouard (tabla)

Les mérites de Prabhu étaient heureusement arrivés jusqu’à mes oreilles depuis longtemps déjà !

*** Je ne connais que quelques enregistrements audio de Dhyanesh Khan dont un LP Chhanda Dhara, et un seul enregistrement vidéo sur lequel on ne le voit d’ailleurs que peu :

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