Ne me quitte pas

Posté dans ÉCOUTER, ENTENDRE, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : décembre 20th, 2007

Prince Rama, musicien carnatique, chanteur et joueur de vina, chante Jacques Brel

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L’original est ici. On y trouve aussi un entretien avec le musicien.

34 secondes de Bahadur Khan

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : décembre 19th, 2007

youTube, finalement, c’est une espèce de bombe à fragmentation de la culture.

Rue Saint-Blaise

Posté dans REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : décembre 18th, 2007

J’ignore si cette photo a été prise dans une autre rue de Behren ou bel et bien dans cette rue Saint-Blaise où j’ai vécu enfant, heureux, pendant quelques années à la fin des années cinquante et au début des années soixante. Peu importe, elles se ressemblent toutes, même si l’ample U de cette rue-là était mon terrain de jeu préféré. Le béton frais et lisse du centre commercial était mon paradis de patineur à roulettes borné par de solides poteaux métalliques autour desquels il faisait si bon tourner.
J’y ai découvert un monde fait, je m’en souviens très bien, en proportions inégales d’Algériens disparates et souvent dégingandés, d’Ukrainiens, tête un peu carrée, cheveux blonds, taillés à la brosse, de Berbères, visages des femmes tatoués au menton et au front, d’Italiens et surtout d’Italiennes que j’entends encore, à l’heure de la soupe, passer leur tête par la fenêtre pour appeler à la cantonnade leur progéniture aux prénoms pour moi exotiques « Roooooosa, Angeliiiiiino », d’Allemands, de Polonais, de Marocains,… en fait, je ne sais plus très bien… D’ailleurs à l’âge de cinq ou six ans, j’étais persuadé qu’eux étaient tous nés sur place, qu’ils étaient bien chez eux ici et que c’était moi l’étranger, campagnard venu du village voisin.

La claque, je la prends ce soir, en lisant la légende de cette photo et des autres de Rip Hopkins (merci Ant1) :

« Behren-lès-Forbach est la plus pauvre des 500 villes les plus pauvres de France – [...] cette ville où :
- 100 % des mineurs sont au chômage ou en préretraite ;
- 30 % d’entre eux ont voté Le Pen au premier tour de la présidentielle de 2002 ;
- 65 % de la population a moins de 25 ans ;
- 70 % des jeunes sortent de l’école sans diplôme ;
- 50 % d’entre eux sont au chômage ;
- 800 voitures ont brûlé depuis septembre 2005, quand les émeutes ont éclaté ici, un mois avant celles de Clichy et du reste de la France.»

Décidément, personne jamais ne s’est enrichi sans que quelqu’un quelque part ne se soit appauvri.

D’Inde [1]

Posté dans divers, HINDOUSTAN, VOIR par kerbacho - Date : décembre 14th, 2007

- Le lézard aussi immobile que moi, derrière la moustiquaire.
- L’ombre du visage de B. à 3h00 du matin entre 2 concerts
- Chandru, le petit garcon de la femme de ménage qui apprend à dire « good morning » et ça donne: ‘Anani!’
- La fièvre qui monte dans le bus 21G
- La course à vélo dans la boue avec B. en rentrant du cours de danse.
- La visite chez le docteur du quartier. Ça ressemble à un garage. Le docteur travaille la journée à l’hôpital gouvernemental, après il consulte dans cet endroit jusqu’à 1 ou 2h du matin. Pour l’injection si t’as de l’argent t’as droit à une aiguille neuve. Si pas, c’est l’une des aiguilles qui trempent dans une espèce de seau d’eau bouillante.
- Le centre ayurvédique de Mylapore.
- Les chèvres affamées qui bouffent le toit au coin du parking à vélos.
- Le New Festival au Museum Theatre. Partout la même mode scénographique: vidéo, vidéo, vidéo
- Le henné aux cheveux de B. et des boucles d’oreille à P. avant le mariage. Les femmes de cette maison retrouvent un peu leur indépendance…
- Les concerts de S***. A chaque fois une émotion que je n’ai nulle part ailleurs. Il est tout simplement prodigieux.
- Lakshmi après son mariage. Une vie plus confortable. Une dizaine de kilos en plus.
- Le bras de cette jeune femme, Gloria, dans le train. Des brûlures sur le bras. Comme un cri à son mari infidèle. ‘It’s the same in all the world. In Niger. In Japan. In China. In America. In India. Males search after pleasure for minutes. I left my family for my husband. Now I’m too fat so he’s going outside. What can I do? With this maybe he’ll understand that i’m pain. »
- Le centre Vipassana est à 20 minutes de la maison et je n’y suis tjs pas allée. Comme si l’épreuve de l’équanimité se passait ailleurs. D’autres choses à apprendre pour l’instant.
- Le cuir bleu pâle des peaux de vache dans la fabrique en face de la maison.
- Le crash avec la vache.
- Le mariage de D. à l’église. J’explique à la famille de V. l’ostie, le vin et tout ça. Et que la messe comprend ces deux mêmes actions partout : se lever, s’asseoir, se lever, s’asseoir…
- A L.: ‘Can you explain me why in India Jesus is white?
- La visite du village d’enfance de la famille : Neyveli : une ville où tu ne peux habiter que lorsque tu y travailles. Une ville gouvernementale. Près de la maison de leur enfance je lis sur le mur: « Apprendre est une tâche de plus d’une vie »
- Le concert au mariage de D***. Les indiens sont-ils sourds ou sont-ils fous? N’aurions-nous pas les mêmes oreilles?
- Sur la route Neyveli-Chennai : les troncs d’arbre qui serviront à fabriquer les mridangams.

Voila quelques mots. Je ne sais pas trop quoi vous raconter. C’est comme si je vous écrivais de la ville où j’habite. Je ne vois pas trop pour l’instant que vous dire. ;) ;)
Je vous embrasse donc,
B***

Chromepet

Posté dans divers, HINDOUSTAN, REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : décembre 14th, 2007

L’inde est grande. Rien n’interdit cependant d’imaginer que l’on y écoute la musique de Federico Mompou.

Je sais maintenant qu’on y écoute Mompou jouer sa Cancion de Cuna .
A Chromepet, précisément, dans la banlieue sud-ouest de Chennai.

Chromepet

Chanson de berceau

Posté dans ÉCOUTER par kerbacho - Date : décembre 12th, 2007

Une très belle pièce pour piano de Federico Mompou, sans doute ma préférée, Cancion de Cunia, jouée par le compositeur :

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Watteau et Ludo, dessinateurs

Posté dans REGARDER, VOIR par kerbacho - Date : décembre 11th, 2007

C’est le regard des autres qui nous donne à voir.

Caro et Ludo lors de l’expo de ses dessins en octobre.

Régis par les cris

Posté dans MOTS par kerbacho - Date : décembre 10th, 2007

N’est-il pas curieux que la musique indienne, sous prétexte qu’elle n’est pas notée, continue de faire office de référence en matière de liberté et d’improvisation, alors que le cadre dans lequel elle évolue est hautement contraignant, peut-être bien plus strict et plus étroit que celui de la musique occidentale ? Dans bien des cas, avant même que le chanteur ne commence, la seule façon d’accorder sa tanpura suffit à un auditeur averti pour identifier le raga, autrement dit le système de contraintes, dans lequel le chant va évoluer.
Un malentendu, un bruit de papier. Ne sommes-nous pas régis par l’écrit (bien plus que par les cris) ?

A mon sens rien ne définit mieux les liens que la musique indienne entretient avec ses règles que l’image du cerf-volant : The kite is nothing without the string.

    Aussi :
  • Le texte de Georges Perec « amélioré » par Philippe de Jonkheere
  • Rencontre de Louis Sclavis (cl., cl. basse, sax sop.) et Piet van Bockstal (hautbois)
  • Rechercher le riccercare
  • Extrait d’un entretien de Buddhadev Dasgupta. A la question « As an artist when you play a Raga- a sequence of notes, at what stage does the mood come in and at what stage do you start « improvising »? » BDG répondait en 1987 :
    For what we call « improvisation » (in hindustani music) it is not necessary to have the right mood. Improvisation is often mechanical. But it is when the sentiment of the Raga really pervades the notes you are playing and you can feel it, then the Raga really comes alive. It is a totally different kind of sensation and experience. If you are in the state your mind opens up to newer avenues of approach.

PS: après avoir écrit ces quelques lignes je suis tombé par hasard sur un bel exemple d’improvisation en musique indienne. Vilayat Khan joue Raga Darbari Kanada, très bien comme il se doit pour un musicien de son rang, mais par instants dans le jhalla il prend quelques libertés avec l’orthodoxie mélodique de Darbari Kanada. Selon la personne qui a mis cet enregistrement en ligne : « … he gets somewhat playful with Darbari. Nice thing is it works beautifully« .

Sclavissimo

Posté dans ÉCOUTER, ENTENDRE par kerbacho - Date : décembre 9th, 2007

En juin 2005, suite à un concert époustousoufflant de Napoli’s Walls sur la scène du centre culturel de Maasmechelen, avec Louis Sclavis, Médéric Colignon, Hasse Poulsen et Vincent Courtois, je notais ici qu’il me semblait qu’aux côtés d’un jeune gaillard comme Médéric Colignon, Louis Sclavis accusait son âge.
Peut-être à cause de la sono (pour moi) assourdissante ? En janvier 2002 nous avions entendu Louis Sclavis dans une salle comble au château, avec Henri Texier & Aldo Romano (‘SUITE AFRICAINE’), comme une coulée de lave, mais sans micro !

La semaine dernière il était de retour, avec cette fois François Merville aux percussions, Piet Van Bockstal au hautbois, et Thomas Dieltjens au piano, pour une rencontre de circonsdance commandée par la salle du Bijloke, un organisateur gantois. La soirée de Maasmechelen faisait figure de première pour un programme qui ne sera probablement plus joué bien souvent.
On pouvait donc craindre que cette conjugaison de la musique classique contemporaine (le domaine du joueur de hautbois et du pianiste), et de la musique improvisée que jouent habituellement Sclavis et Merville ne fasse assez d’étincelles pour illuminer un dimanche soir d’automne froid et trempé.

Sclavissimo

C’est tout le contraire qui s’est produit, à grand renfort de partitions (revisitées) de Ligeti, Kurtag et quelques autres compositeurs dont le nom m’échappe déjà. N’est-ce pas surtout grâce à la présence musicale de Sclavis et de son compère Merville que le petit miracle s’est produit ? Quelle maturité, quelle maîtrise et à la fois tant de spontanéité !
François Merville est un de ces rares batteurs ultra-fins dont je ne me lasse pas.
Je suis sûr que l’absence totale de sono a aussi joué un rôle non négligeable dans la réussite de cette rencontre.

Puis vint le petit dessert, inattendu et délicieux : la rencontre avec les musiciens après le concert comme une cerise sur le gâteau. Quel plaisir de bavarder un peu avec Piet, François, Thomas et Louis au bar du CC de Maasmechelen.
L’occasion inattendue d’évoquer avec Louis Sclavis toutes ces années passées ensemble, très proches, séparés l’un de l’autre seulement par la membrane d’un haut-parleur et d’un microphone.
Voilà, le double-hymen est maintenant déchiré, il n’y aura plus jamais de première rencontre avec Louis Sclavis. La vraie première avait d’ailleurs eu lieu il y a trente ans déjà, par Claire interposée, Claire dont la voix sombre tanguait avec la clarinette basse de Louis, dans des chansons comme on n’en fait plus, subtilement arrangées par le Free Jazz Workshop de Lyon. Merci Louis.

Transe maître désordre

Posté dans MOTS par kerbacho - Date : décembre 8th, 2007

La télévision, c’est pas fait pour communiquer mais pour transmettre des ordres.

Jean-Luc Godard