Sclavissimo

En juin 2005, suite à un concert époustousoufflant de Napoli’s Walls sur la scène du centre culturel de Maasmechelen, avec Louis Sclavis, Médéric Colignon, Hasse Poulsen et Vincent Courtois, je notais ici qu’il me semblait qu’aux côtés d’un jeune gaillard comme Médéric Colignon, Louis Sclavis accusait son âge.
Peut-être à cause de la sono (pour moi) assourdissante ? En janvier 2002 nous avions entendu Louis Sclavis dans une salle comble au château, avec Henri Texier & Aldo Romano (‘SUITE AFRICAINE’), comme une coulée de lave, mais sans micro !

La semaine dernière il était de retour, avec cette fois François Merville aux percussions, Piet Van Bockstal au hautbois, et Thomas Dieltjens au piano, pour une rencontre de circonsdance commandée par la salle du Bijloke, un organisateur gantois. La soirée de Maasmechelen faisait figure de première pour un programme qui ne sera probablement plus joué bien souvent.
On pouvait donc craindre que cette conjugaison de la musique classique contemporaine (le domaine du joueur de hautbois et du pianiste), et de la musique improvisée que jouent habituellement Sclavis et Merville ne fasse assez d’étincelles pour illuminer un dimanche soir d’automne froid et trempé.

Sclavissimo

C’est tout le contraire qui s’est produit, à grand renfort de partitions (revisitées) de Ligeti, Kurtag et quelques autres compositeurs dont le nom m’échappe déjà. N’est-ce pas surtout grâce à la présence musicale de Sclavis et de son compère Merville que le petit miracle s’est produit ? Quelle maturité, quelle maîtrise et à la fois tant de spontanéité !
François Merville est un de ces rares batteurs ultra-fins dont je ne me lasse pas.
Je suis sûr que l’absence totale de sono a aussi joué un rôle non négligeable dans la réussite de cette rencontre.

Puis vint le petit dessert, inattendu et délicieux : la rencontre avec les musiciens après le concert comme une cerise sur le gâteau. Quel plaisir de bavarder un peu avec Piet, François, Thomas et Louis au bar du CC de Maasmechelen.
L’occasion inattendue d’évoquer avec Louis Sclavis toutes ces années passées ensemble, très proches, séparés l’un de l’autre seulement par la membrane d’un haut-parleur et d’un microphone.
Voilà, le double-hymen est maintenant déchiré, il n’y aura plus jamais de première rencontre avec Louis Sclavis. La vraie première avait d’ailleurs eu lieu il y a trente ans déjà, par Claire interposée, Claire dont la voix sombre tanguait avec la clarinette basse de Louis, dans des chansons comme on n’en fait plus, subtilement arrangées par le Free Jazz Workshop de Lyon. Merci Louis.

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