Débloque-notes

Drôle de jeu de rôles en Inde.

L’ami Klaas vient de passer dix jours à Delhi chez Harichand? Voici quelques photos en cours d’installation sur le blog que je lui aménagé en vitesse.

Amir Khan accompagné par Sabri Khan devant le micro d’All India Radio – date inconnue
La photo est de toute évidence posée. Les musiciens sont dans une position guindée. Ils sont assez fortement éclairés de face, on remarque les ombres sur le fond presqu’à l’horizontale.
La photo vient de la collection de la famille de Sabri Khan, je l’ai trouvée dans une brochure éditée à l’occasion du 75e anniversaire de Sabri Khan.

Entre la forme alap de la musique classique indienne et la forme riccercar de la musique classique occidentale il y a, à mon avis, plus que des analogies. Cela me frappe a priori pour la musique instrumentale, mais il est permis de penser que des parallèles de ce genre existent aussi dans les formes vocales.
Cette idée me tourne dans la tête depuis plusieurs années, je ne l’ai pourtant jamais trouvée nulle part. Dans l’ensemble d’ailleurs, on trouve peu (trop peu à mon sens) d’analyses comparatives. Pourquoi ?

Riccercar est dérivé du verbe italien ricercare qui signifie rechercher.
La forme à laquelle je pense n’est pas la forme fuguée très élaborée de l’époque baroque (XVIIe), dont on connaît les fameux exemples de l’Offrande musicale de Bach.
Il s’agit d’une forme instrumentale du XVIe siècle, connue aussi sous le nom de tiento en Espagne, à la limite du prélude (littéralement « avant de jouer ») et de l’improvisation. Le musicien prend littéralement l’instrument en main, l’accorde, le touche (c’est le sens du mot ‘toccata‘), le chauffe. Il établit la tonalité, il prépare l’intonation de la composition qui suivra.
On trouve des traces de cette forme libre dès 1507 dans la musique de luth, on en trouve encore des formes tardives au courant du XVIIIe siècle.

En faisant quelques recherches à ce sujet sur la toile, je suis tombé sur ceci:

“Orgue Contemporain”
Harvey – Cassol – Focroulle – Tremblay- …

Olivier Messiaen (1908-1992) : Les Langues de Feu, Le vent et l’esprit
Fabrizio Cassol (1964) : Healing the pain
Dietrich Buxtehude (1637-1707) : Magnificat pimi toni Bux. WV203
Bernard Focroulle (1953) : Toccata
Anonyme : Kyrie
Nicolas de Grigny (1672-1703) : Kyrie en taille à 5, Fugue à 5, Dialogue sur les Grands Jeux
Philippe Boesmans (1936) : Fanfare II 2002

CD mentionné et commenté sur :

http://www.organist.com/Boutique/enter.html?target=dept_112.html&lang=fr

http://resmusica.com/aff_articles.php3?num_art=301

Extrait du courriel d’un apprenti imprimeur :

« Aujourd’hui on a fait un peu de chimie, pour mettre au point les solutions de mouillage.
C’est assez délicat comme mécanique les presses offset. L’eau chargée de sels minéraux bouche les pores des cylindres et des plaques.
Il faut donc la rectifier, plutôt la tuer (« avoir une eau morte ») pour optimiser les émulsions, et leur transfert.

J’ai appris hier à me servir d’un margeur à nappe qui charge plusieurs feuilles en chaîne sur la table de marge, avant d’entrer dans la bécane.
C’est un sacré outil qui permet de débiter jusqu’a 12000 feuilles à l’heure. L’usage de ce margeur m’a fait penser à l’accordage d’un instrument de musique : il est sensible, stable, puis complètement instable, puis très stable. On le travaille jusqu’au moment où la chaîne casse et une feuille part de travers.
Au son produit par ce margeur il n’est pas difficile de savoir si c’est bien parti ou non. »

C’est beau, le métier qui rentre !
L’analogie avec les instruments de musique me rappelle le sarangi que Dhruba Ghosh me montrait l’autre jour (dans sa loge en attendant le concert à Waterschei avec Bugge Wesseltoft). Les cordes sympathiques et les cordes de jeu passent sur le même chevalet ; il suffit de tendre ou de détendre un peu une corde de jeu pour l’accorder pour que toutes les autres cordes soient plus ou moins dérangées. Il y en a une quarantaine je crois. Le chevalet du sarangi ne repose pas sur une table d’harmonie en bois, comme sur un violon, mais sur une peau.
Dhruba m’expliquait qu’avec l’aide d’un luthier il mettait au point un sarangi à deux chevalets séparés. Celui des cordes de jeu n’aura plus qu’un pied sur la peau, l’autre reposera sur l’éclisse en bois.

Miles Davis – photo de Lee Friedlander – 1969

Le désordre tel qu’en lui-même. Philippe De Jonkheere a décapé sa façade.
Il m’en impose toujours autant.

http://www.desordre.net/

Ange Gardien – chromo – années 50

Suis tombé sur ce chromo par le plus grand des hasards, il y a quelques jours, en cherchant une illustration pour mon travail. L’image m’est très familière. En une fraction de seconde ont surgi des souvenirs vieux de près de 50 ans, comme s’il restait dans mon cerveau l’empreinte physique de cette scène.
Le cadre était suspendu dans notre chambre à coucher, au-dessus d’un petit bénitier (qui ne servait déjà plus).
Même aujourd’hui je sens presque physiquement le poids des interrogations sans doute muettes que suscitaient alors en moi les pieds nus des enfants et surtout le trou béant laissé dans le pont par la planche arrachée derrière eux. Ils étaient passés par là. Faudrait-il donc que je passe par là moi aussi ?

Je me souviens de ma déception nauséeuse le jour où j’ai vu ce chromo chez d’autres gens. Il appartenait à l’imagerie courante dans les maisons d’ouvriers catholiques dans les années 50. Il n’était donc pas unique, le charme était rompu. J’ignorais encore ce qu’était un chromo mais j’entrevoyais peut-être sans le savoir L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproduction mécanisée…

Je me souviens aussi de l’époque où j’ai commencé à manoeuvrer pour obtenir de ma mère l’autorisation de décrocher ce cadre pour le remplacer par un poster (oh que ce mot sonnait fort à l’époque !) de… je ne sais plus. Disons Françoise Hardy.

Un lien communiqué par Dhruba Ghosh vers une page consacrée à Amir Khan a attiré mon attention sur un article probablement intéressant mais difficile à lire parce que très mal numérisé. Ardu aussi parce que très technique. C’est de cette même page que vient la belle photo de Khansaheb.
Dans les notes de bas de page de cet article il est fait mention de Men of Few Notes: Miles Davis and Amir Khan qui est le titre d’un chapitre d’une thèse universitaire intitulée A Tune Beyond Us, Yet Ourselves – On Transcultural Hearing (Ph.D. Thesis, Wesleyan University: 1985) dont j’ai retrouvé la trace ici.
Je leur ai écrit pour leur demander s’il était possible d’en obtenir une copie et presque aussitôt le responsable de la bibliothèque m’a proposé une adresse à laquelle j’ai pu commander l’étude. A 41$ ce n’est pas donné, mais le sujet me paraît si fascinant que je n’ai pas hésité une seconde. Il n’y a plus qu’à patienter.

http://homepage.mac.com/hsk/applejapan.html

Effrayant !