Accorder

Extrait du courriel d’un apprenti imprimeur :

    « Aujourd’hui on a fait un peu de chimie, pour mettre au point les solutions de mouillage.
    C’est assez délicat comme mécanique les presses offset. L’eau chargée de sels minéraux bouche les pores des cylindres et des plaques.
    Il faut donc la rectifier, plutôt la tuer (« avoir une eau morte ») pour optimiser les émulsions, et leur transfert.

    J’ai appris hier à me servir d’un margeur à nappe qui charge plusieurs feuilles en chaîne sur la table de marge, avant d’entrer dans la bécane.
    C’est un sacré outil qui permet de débiter jusqu’a 12000 feuilles à l’heure. L’usage de ce margeur m’a fait penser à l’accordage d’un instrument de musique : il est sensible, stable, puis complètement instable, puis très stable. On le travaille jusqu’au moment où la chaîne casse et une feuille part de travers.
    Au son produit par ce margeur il n’est pas difficile de savoir si c’est bien parti ou non. »

C’est beau, le métier qui rentre !
L’analogie avec les instruments de musique me rappelle le sarangi que Dhruba Ghosh me montrait l’autre jour (dans sa loge en attendant le concert à Waterschei avec Bugge Wesseltoft). Les cordes sympathiques et les cordes de jeu passent sur le même chevalet ; il suffit de tendre ou de détendre un peu une corde de jeu pour l’accorder pour que toutes les autres cordes soient plus ou moins dérangées. Il y en a une quarantaine je crois. Le chevalet du sarangi ne repose pas sur une table d’harmonie en bois, comme sur un violon, mais sur une peau.
Dhruba m’expliquait qu’avec l’aide d’un luthier il mettait au point un sarangi à deux chevalets séparés. Celui des cordes de jeu n’aura plus qu’un pied sur la peau, l’autre reposera sur l’éclisse en bois.

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