Le gant blanc de René – 27 avril

Posté dans divers, REGARDER par kerbacho - Date : avril 27th, 2009

Je triche un peu avec les dates, puisque ce message aurait dû être posté le 27 avril, date de ton cinquante-deuxième anniversaire, cher frérot. Ma ponctualité laisse à désirer, j’en conviens, puisque nous sommes le 1er mai, mais j’ai quelques excuses ces jours-ci. Et puis, avec la cinquantaine d’années (ou presque) qui nous sépare aujourd’hui de cette photo (visiblement faite par reporter accrédité), on n’est plus à trois ou quatre jours près. :-)

Je ne sais pas si tu te souviens de ce jour, sans doute une fête de confirmation, rituel qui exigeait une prés(id)ence épiscopale, moi pas. C’est lors cette visite de l’évêque que tu baisas sa bague, moment historique que tout le monde aurait sans doute oublié s’il n’en restait pas cette autre photo de journaliste, faite au flash, dans l’église.
Même sans ces photos de reporter qui détonnent dans notre album familial, je crois avoir gardé un vague souvenir indirect de cet événement dont on a parlé ce dimanche-là à table : une jalousie diffuse de n’avoir pas eu l’insigne honneur qui t’est échu, et auquel je ne comprenais d’ailleurs rien. En même temps j’ai ressenti un soulagement secret de n’avoir pas eu à me plier à ce rituel, car je n’aurais pas su comment m’y prendre. Un vague dégoût aussi devant ce bijou que l’évêque porte sur son gant cramoisi.

A propos de gant, en agrandissant cette photo, je découvre aujourd’hui pour la première fois un gant blanc, visiblement trop grand pour toi, au bout de ton bras gauche qui esquisse un geste vers le prélat crossé et mitré. Visiblement il faisait beau mais froid ce jour-là.

De cet épisode je garde un autre souvenir assez précis, toujours actif : j’ai découvert ce jour-là ce qu’était une hiérarchie : notre curé, habituellement personnage important, partageant le sommet de la hiérarchie du village avec l’instituteur et, dans une moindre mesure, avec le maire, était tout d’un coup plus proche de nous, ses ouailles, que de l’évêque qui ne se déplaçait qu’entouré d’une nuée d’archiprêtres et autres prélats intermédiaires.