Shyam Sundar Goswamy à Gand

Posté dans divers par kerbacho - Date : mai 27th, 2009

On a appris il y a quelques semaines que Kaushiki Chakrabarty annulait sa tournée en Europe pour cause de grossesse. Ainsi tombe à l’eau son concert auquel je comptais me rendre à Gand. Or hier j’apprends qu’elle serait remplacée le 3 juin prochain au Muziekcentrum De Bijloke par un chanteur lui aussi originaire de Calcutta, beaucoup moins connu qu’elle, mais dont la bonne réputation était déjà arrivée jusqu’à moi, sous la forme d’un CD reçu cet hiver.
Shyam Sundar Goswamy - Kirana Gharana

Shyam Sundar Goswamy se produira avec Sabir Khan au tabla et Roshan Ali au sarangi. L’occasion d’entendre Sabir Khan en concert justifie à elle seule le déplacement à Gand.

Comme il faut !

Posté dans CARNATIC, ÉCOUTER, REGARDER par kerbacho - Date : mai 26th, 2009

Organiser un concert de musique vocale carnatique à Bruxelles, en plein mois de mai, le premier samedi de vraie grande chaleur d’un printemps jusque là très frileux, avec vue imprenable sur le pont de l’Ascension d’un côté et celui de la Pentecôte de l’autre, dans un lieu qui a certes la réputation de faire le plein avec de la musique indienne, mais seulement quand elle est jouée par des artistes belges, est une entreprise assez farfelue. Un pari bien hasardeux pour ce qui concerne le taux de remplissage de la salle. Ce n’était peut-être pas une cause perdue d’avance, mais certainement pas gagnée non plus.
En tout cas un défi parfaitement hors de ma portée, quand bien même j’aurais eu le temps et l’énergie de m’y consacrer comme il faut.

D’ailleurs à une heure du début du concert, la contemplation de la liste des réservations n’avait rien d’enthousiasmant et laissait entrevoir une soirée dont la qualité musicale ne ferait certes aucun doute, mais qui resterait dans les annales dans la même catégorie que les deux derniers concerts de musique indienne au même endroit : quelques dizaines de spectateurs pour Shashank en mai 2007, et pas tellement plus pour Prattyush Banerjee en novembre 2007.

Et pourtant, quand le concert de Sanjay Subrahmanyan, S. Varadarajan et Neyveli Venkatesh a commencé samedi soir vers 20h30, la salle était pleine.

Pour les retardataires du dernier quart d’heure, surpris peut-être par la densité du trafic et par la difficulté de trouver à garer leur voiture, il a fallu ouvrir le balcon.
Quel moment délicieux ce doit être dans la vie de l’organisateur quand il décroche la chaîne qui barre l’accès au dernier étage!
Deux heures et demi plus tard il restait toujours quelque 300 personnes dans la salle, apparemment magnétisées par les trois artistes, eux-mêmes visiblement très heureux après un Sindhi Bhairavi endiablé.

Sanjay Subrahmanyan devant le micro de l'émission le Monde est un Village, de Didier Mélon, sur La Première - photo Béa Didier
[Photo Béa Didier] Sanjay Subrahmanyan devant le micro de l’émission le Monde est un Village de Didier Mélon, sur La Première.

Cette réussite est à mettre au crédit d’une personne, une seule personne, Béatrice Didier, qui pendant des semaines, des mois, s’y est consacrée comme… il faut.

Comme il faut… pour rendre hommage aux musiciens à la hauteur de l’admiration qu’elle leur porte.
Comme il faut… pour remplir la salle ainsi qu’elle s’était engagée à le faire quand nous avions décidé de mettre en chantier ce concert.

Chapeau ! Belle leçon de maïeutique infatigable, pour moi qui me pique de faire venir des artistes parmi les meilleurs d’Inde mais les fais jouer devant des salles à moitié vides, et belle leçon pour tous les organisateurs professionnels qui se plaignent de la baisse de fréquentation des concerts, notamment de musique indienne.

Vous avez pris le taureau par les cornes, merci Béa !
Grâce à vous j’ai pu vérifier que mon intuition initiale en entendant Sanjay il y a quelques années sur le site ITC-SRA (d’où il a malheureusment disparu) n’était pas un fantasme. Je ne serai pas là dans cinquante ans, comme il le suggère lui-même, pour vérifier si son apport tient la route, mais j’aurai eu la satisfaction d’assister à la germination de quelque chose qui deviendra peut-être un mouvement de réconciliation entre deux narcissimes, apparemment irréductibles pour l’instant.

Qui mieux que Sanjay lance de telles passerelles musicales entre le Sud de l’Inde, dravidien borné, et le Nord, mahométan buté ? Merci Sanjay !

Quête

Posté dans MOTS par kerbacho - Date : mai 24th, 2009

Merveilleux dictionnaire où je viens de voir par hasard que le mot quête avait un sens dont j’ignorais totalement l’existence, pour désigner en marine l’inclinaison vers l’arrière, notamment d’un mât.

Demeurer

Posté dans MOTS par kerbacho - Date : mai 23rd, 2009

L’amour rend les plus grands des services quand on sait demeurer plus fort que lui.

Joë Bousquet | Lettres à Poisson d’or | 16 mars 1938

Sanjay Subrahmanyan en concert à Bruxelles samedi 23 mai : désir de mélodie ou mélodie du désir ? 

Posté dans CARNATIC, ÉCOUTER, REGARDER par kerbacho - Date : mai 15th, 2009

Plus il est fort, plus le charisme d’un chanteur est difficile à expliquer. Pour le décrire il faut prendre des risques, y compris celui du ridicule. Surtout dans le cas d’un aussi bel homme que Sanjay Subrahmanyan, quarantenaire en pleine possession de ses moyens. Oserai-je parler des émotions suscitées aux tréfonds de moi par un inconnu, aussi célèbre soit-il, venu du bout du monde ? Quels mots utiliser pour désigner ces vagues d’une force inconnue qui vous emportent loin de votre univers familier et vous déposent sur des rivages aux pentes vertigineuses ?
Dans la vie ordinaire, quand on tombe amoureux, on sait à peu près comment s’y prendre.
Mais comment faire quand on tombe amoureux de la musique d’un chanteur carnatique ?

Pour moi, tout ce qui émane de Sanjay Subrahmanyan, prince de la mélodie, rayonne de beauté, de chaleur et de vigueur. Le premier et dernier concert de ce musicien charismatique et généreux auquel j’ai assisté a été une expérience inoubliable.

Après vingt ans de carrière, accumulant les prix les plus prestigieux en Inde et des tournées dans le monde entier, Sanjay Subrahmanyan se distingue aujourd’hui par sa technique vocale maîtrisée à la perfection, par ses qualités d’improvisation mélodique et rythmique. Dans la texture de sa voix, quelque chose de particulier jette un pont entre l’univers si lointain de la musique de l’Inde du Sud et notre frileuse perception occidentale. Sa puissance et son énergie donnent un souffle nouveau à la musique d’Inde du Sud et par là-même au monde de toutes les musiques.

Parmi les innombrables musiciens accomplis qui se partagent la très dynamique scène indienne, Sanjay est de ceux dont on sent l’intelligence brillante. Sa musique incisive vit à la fois du respect de l’héritage légué par une riche tradition, et de la créativité bouillonnante d’un homme du XXIe siècle, passionné par son temps et par les transformations du monde sous les coups de boutoir d’Internet.
Son talent, son génie peut-être, son goût de la liberté et sa joie de vivre forment le moteur d’un art qui ne demande qu’à être partagé par le plus grand nombre. En Occident, la connaissance de la musique d’Inde du Sud est encore bien limitée, surtout si on la compare avec la musique d’Inde du Nord. Et ce n’est pas la veulerie de la supposée world music qui y changera quoi que ce soit.
Il ne me paraît pas exagéré d’affirmer qu’avec un ambassadeur comme Sanjay Subrahmanyan, jamais la musique classique carnatique n’a été si facile d’accès pour des mélomanes occidentaux en quête d’authenticité musicale.

Ce dimanche Radio Klara consacrera une émission à Sanjay Subrahmanyan en passant quelques-uns de ses derniers enregistrements.
Vendredi 22 mai à 19 h, Didier Mélon diffusera un entretien avec le musicien sur la Une dans son émission Le Monde Est Un Village (je n’ai pas trouvé de lien utilisable tant le site de la Première est … disons déroutant).
L’émission sera disponible en podcast pendant quelques temps.

Introduction aux talas, cycles rythmiques de la musique d’Inde du Sud par Neyveli B.Venkatesh

Quand? Vendredi 22 mai à 12h30
Où? Théâtre Molière, Galerie de la Porte de Namur, 3 Square du Bastion, 1050 Bruxelles
Renseignements: www.muziekpublique.be 02/217 26 00

En prélude au concert de Sanjay Subrahmanyan qui se tiendra le lendemain dans la
même salle, Neyveli B.Venkatesh donnera, accompagné de son mridangam, une introduction
à la musique carnatique au travers notamment de la notion de tala (cycle rythmique).
L’entrée est gratuite.

Concerts de sarod avec Tejendra Majumdar & Yogesh Samsi

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : mai 1st, 2009

Si son visa arrive à temps, mon joueur de sarod préféré sera en Belgique et aux Pays-Bas la semaine prochaine pour quelques concerts, avec l’excellent joueur de tabla Yogesh Samsi.


Photo: Tejendra Majumdar au cours d’ateliers musicaux en Angleterre, le mois dernier, en marge du festival Darbar.

Nous sommes sur des charbons ardents, car le passeport du musicien, certes dûment visé par l’Ambassade de Belgique à Delhi, traîne encore quelque part dans les valises d’un coursier supposé express, entre la capitale et Kolkata. Espérons qu’il arrivera avant lundi après-midi, le vol est à minuit.

THURSDAY 7 MAY 2009 20:15 | Belgium | Leut | Kasteel Vilain XIIII | 10EUR

FRIDAY 8 MAY 2009 20:30 | Belgium | Antwerp | Zuiderpershuis | 12EUR – 15EUR

SATURDAY 9 MAY 2009 20:00 | the Netherlands | Amsterdam | Tropentheater | 21EUR

Avant de repartir pour Kolkata lundi, Tejendra jouera encore à Aix-la-Chapelle, accompagné au tabla par Arup Sen Gupta :
SUNDAY 10 MAY 2009 18:00 | Germany | Aachen | Suermondt-Ludwig Museum
accompanied by Arup Sengupta, tabla

Je me réjouis de ces quatre concerts en quatre jours, car la musique de Tejendra ne m’a jamais déçu. Il est aussi le musicien pour lequel j’ai arrangé le plus de concerts. Je me souviens du premier auquel j’ai assisté il y a plus de dix ans, en tant que spectateur, à Bonn, avec l’excellent Subhankar Banerjee au tabla. Il a joué Darbari Kanada. Puis d’un concert à Aachen, toujours en spectateur, et avec Subhankar. Il a joué Gujri Todi. Vint le premier concert avec moi à la Tentation à Bruxelles, en 2001, avec cette fois Samar Saha au tabla, puis un concert difficile à Gand en 2004 ; de cette fois-là je me rappelle surtout le sympathique gueuleton dans un restaurant thaï, avec Subhankar, et de nouveau à Bruxelles dans un loft fraîchement retapé, rue Cornet de Grez, avec l’étrange R. Madhumalati, et toujours l’accompagnement parfait de Subhankar. Puis la tournée avec le KIT, des concerts à Amsterdam, au Zuiderpershuis à Anvers et quelques autres. En 2005, sans doute. Je crois que cette tournée s’était faite sans mon intercession. Le dernier concert en date fut, je crois bien, un concert chez Venance, en 2006, avec Prabhu Edouard au tabla, le lendemain d’un concert en duo avec Shujaat Khan au Théâtre de la Ville.

Si je ressasse ces bons souvenirs, c’est parce que je n’ose évidemment pas penser à ce qui se passera si le visa n’arrivait pas.

Morton Feldman – concerts en ligne

Posté dans divers, ÉCOUTER par kerbacho - Date : mai 1st, 2009

L’excellent Concertzender, qui est un émetteur en ligne de la radio nationale néerlandaise, propose des enregistrements de concerts (et des extraits de CD) avec de la musique de Morton Feldman :
- Violin and String Quartet de 1985, une oeuvre qui dure deux heures.
Le fichier mp3 correspondant est facile à archiver. Il faut y penser tant que ces enregistrements sont disponibles, car ils ne le resteront pas indéfiniment.

- Rothko Chapel (1971)
- Crippled Symmetry (1983)
- Piano and string quartet (1985)
- The viola in my life (1970)
- Violin and orchestra (1979)
- Triadic Memories
- diverses pièces

L’enregistrement de Neither n’est par exemple plus disponible. En tout cas il en reste bien assez pour explorer un peu l’oeuvre de Feldman.