Manjiri Asanare-Kelkar

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : novembre 26th, 2006

Quand on est arrivés au concert, vendredi soir à Anvers, les artistes étaient déjà en scène et s’accordaient. Je n’ai donc pas entendu le nom des accompagnateurs (tabla + harmonium).
Dans la salle personne de connu à qui demander ; malgré la publicité faite à ces concerts et la notoriété du lieu, le public boude. A peine une cinquantaine de personnes et moins d’une demi-douzaine de visages familiers. Hariprasad Chaurasia jouait à guichet fermé à Bruxelles la semaine dernière ; comment expliquer dès lors qu’une artiste du calibre de Manjiri Asanare ne déplace même pas de quoi remplir 10 rangs ?
Navrant.
Pour une fois il y avait dans la salle quelques jeunes hommes indiens. Ils se sont visiblement ennuyés puisqu’ils n’ont pas attendu la fin du concert pour sortir en faisant beaucoup de bruit.

Le son était bon, pas trop fort, sans réverbération. L’harmonium, moche et fade comme d’habitude, ne gênait pas, mais je ne m’y habituerai sans doute jamais. Le tabla était parfaitement dosé. Ouf !
Est-ce que ce fut un bon concert ?
Le choix des morceaux était excellent : Raga Gauri en première partie, conclue par un tappa en Kafi. Rien que ça valait le détour. Puis pour ouvrir la deuxième partie un Raga Malkauns en nom-tom, parfait de classicisme, long et sans concession, et par conséquent probablement éprouvant pour une partie du public. Enfin un excellent Bhajan de Kabir très agréable (en chanchar, un 3+4+3+4 rapide).
Présentation parfaite d’un répertoire exigeant, et pourtant, en dépit d’une maîtrise technique et d’une maturité musicale évidentes (confirmées par l’écoute en écrivant ces lignes du très impressionnant Lalit Gauri de son double CD Raag Rang Fountain Music), ce chant m’a laissé sur ma faim.

Manjiri Asanare-Kelkar – Raga Lalita Gauri   ; ; 
Pritam Sainya Daras Dikha Ja – vilambit teental
Mora Man Har Leeno Ri - madhyalay teental

Déjà sur ses CD, le timbre de la voix de cette chanteuse ne se caractérise pas forcément par son originalité, un peu comme celle d’Ashwini Bidhe ou d’autres chanteuses certes excellentes mais un peu passe-partout. Là elle manquait franchement de présence, à tel point que je me suis demandé si le volume était suffisant. A l’entracte j’ai même failli proposer à l’ingénieur du son de monter le son ! Ce qui n’aurait d’ailleurs fait que souligner cette frustrante retenue au lieu de la compenser.
En parlant après le concert avec le chauffeur-manager du groupe, j’ai appris qu’en fait la chanteuse souffrait de la gorge et s’était donc retenue pour ménager sa voix. Tout s’explique… Tant pis pour nous, tant mieux pour les auditeurs des autres concerts, en espérant que sa voix tiendra jusqu’au bout de la petite tournée de cinq concerts dont celui-ci était le deuxième.

Le choix du nom-tom, qu’elle a fait dans le plus pur style dhrupad, est-il surprenant pour une deuxième partie de concert vocal en khyal ? Je l’ai trouvé courageux pour un concert en Occident, mais je me trompe peut-être sur ce qui l’a motivé. S’explique-t-il par les problèmes de santé ? Ou est-il au contraire en contradiction ?