Peler

Posté dans divers, MOTS par kerbacho - Date : janvier 7th, 2009

Il fait moins seize degrés.
Les gens disent « on pèle ». Je n’ai jamais utilisé ce verbe dans ce sens. Je consulte le Robert :

PELER
-I. V. tr.
- 1. Dépouiller (une peau) de son poil, (un arbre, une branche) de son écorce (- Écorcher, éplucher); enlever* à (une chose) sa partie superficielle. Peler des oignons. Cour. Dépouiller de sa peau (un fruit). Peler une banane, une pomme. Action de peler industriellement les fruits. – 2. Pelage.
- 2. Fam., vx. Peler quelqu’un, le battre au jeu. Se faire peler aux cartes.

-II. V. intr.
- 1. (1260). Perdre son épiderme par parcelles. (Sujet n. de personne ou de partie du corps). Cet enfant a pris un coup de soleil, il pèle. Avoir le nez, le corps qui pèle. – (Avec un pronom compl. d’objet ind.). La langue me pèle, lui pèle.
- 2. Fig., fam. Peler de froid ou (absolt) peler : avoir très froid. On pèle ici! (- Cailler, geler).

-SE PELER v. pron.

- 1. (Réfl.). Perdre son poil. Le cou de ce chien se pèle (Littré). – REM. Cet emploi est vx; on dit plutôt peler, v. intr.
- 2. (Passif). être dépouillé* de sa peau. La pêche se pèle facilement. [...]

[fin de citation]

Cela me rappelle le commentaire récent de M. sur l’oignon farceur :
Se dépouiller de son moi comme d’un manteau troué. Ce qui ne peut être maintenu doit être abandonné. il y a des êtres qui ne supportent absolument pas d’abandonner leur moi. Ils croient n’en posséder qu’un seul exemplaire. Mais l’être humain a beaucoup de moi, comme l’oignon a beaucoup de pelures. Un de plus ou de moins, cela ne tire pas à conséquence. Le noyau même est encore pelure. C’est incroyable de voir avec quelle ténacité l’homme se cramponne à ses préjugés. Il supporte la plus amère des tortures, uniquement pour n’avoir pas à se livrer. La nature la plus tendre et la plus profonde de l’homme doit être extrêmement fragile, mais sans doute aussi très merveilleuse. Peu de gens arrivent à cette prise de conscience et à cet entendement diffus, car ils ont peur de la vulnérabilité de leur âme. La peur leur interdit le respect vrai.
Hugo Ball, La fuite hors du temps – Journal 1913-1921 (Zurich, octobre 1915).

Et je pense a contrario aux vieux curés d’autrefois dont on racontait qu’ils portaient plusieurs soutanes l’une sur l’autre pour en cacher les trous. Revoir Sous le soleil de Satan avec d’une part Gérard Depardieu et Maurice Pialat en soutane, et d’autre part Sandrine Bonnaire en Sonia Rykiel. Ce qui me rappelle Ordet, de Dreyer, un autre film palingénésique. Au secours, mon Robert, vite !

PALINGÉNÉSIE n. f.
Didactique.
- 1. Philos., relig. (Chez les stoïciens). «Retour* périodique éternel des mêmes événements» (Lalande). – (1838). Mod. Renaissance* des êtres ou des sociétés, susceptible de répétition*, et généralement conçue comme source d’évolution et de perfectionnement. – Régénération, résurrection. – Par ext. Doctrine qui admet cette sorte de renaissance. Palingénésie philosophique, de Ch. Bonnet (1769). Essais de palingénésie sociale, de Ballanche (1827).
- 2. Vx. Action de renaître, retour à la vie (après un état de mort réelle ou apparente).

Peler : mourir un peu puis renaître.