Hasard
Posté dans VOIR par kerbacho - Date : octobre 18th, 2006Collage inachevé – 199x
d’après Hans Holbein le Jeune 1497-1543, Augsburg – Portrait de Bonifacius Amerbach
Collage inachevé – 199x
d’après Hans Holbein le Jeune 1497-1543, Augsburg – Portrait de Bonifacius Amerbach
Que peuvent bien avoir en commun Ibsen, Mc Queen et Ray ?
Henrik est l’auteur de la pièce Un ennemi du peuple dont Satyajit s’est inspiré pour son film Ganashatru (1989) et dont est également tiré un film dans lequel Steve joue non seulement le rôle principal, mais qu’il a également produit.
Satyajit Ray avait aussi un projet de film, Alien, dans lequel Steve Mc Queen aurait accepté de jouer un rôle.
Tandis que moi, à la fin de l’enfance et au début de l’adolescence, j’aurais donné un doigt de la main droite pour… Josh Randall et son arme à canon scié.
Mr Eye perd la tête ; ses acolytes surpris guettent son retour. L’un d’eux préconise un arrosage intense, en attendant l’arrivée de Madame.
La scène se passe dans un charmant petit jardin parisien qui n’apparaît pas sur les plans de la ville. Placé derrière les Archives Nationales, il est accessible depuis la rue des Francs Bourgeois, et pas très fréquenté, peut-être parce qu’il est exposé au nord. J’y ai fait récemment un séjour agréable alors qu’il faisait chaud justement et que le jardin de la place des Vosges voisine, innondé de soleil, était bondé.
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Mathilde tricotant – vers 1972 – Le 15 octobre 2006 elle aurait eu 81 ans
Dans la série faites un texte intéressant avec quatre mots qui commencent par i, il y a cette contribution d’Arthur R., déjà ancienne mais toujours d’actualité, il y est question de Christ, de Coran, de M. Prudhomme et de sagesse.
L’impossible
Ah ! cette vie de mon enfance, la grande route par tous les temps, sobre surnaturellement, plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n’avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c’était. – Et je m’en aperçois seulement !
- J’ai eu raison de mépriser ces bonshommes qui ne perdraient pas l’occasion d’une caresse, parasites de la propreté et de la santé de nos femmes, aujourd’hui qu’elles sont si peu d’accord avec nous.
J’ai eu raison dans tous mes dédains : puisque je m’évade !
Je m’évade !
Je m’explique.
Hier encore, je soupirais : « Ciel ! sommes-nous assez de damnés ici-bas ! Moi j’ai tant de temps déjà dans leur troupe ! Je les connais tous. Nous nous reconnaissons toujours ; nous nous dégoûtons. La charité nous est inconnue. Mais nous sommes polis ; nos relations avec le monde sont très convenables. » Est-ce étonnant ? Le monde ! les marchands, les naïfs ! – Nous ne sommes pas déshonorés. – Mais les élus, comment nous recevraient-ils ? Or il y a des gens hargneux et joyeux, de faux élus, puisqu’il nous faut de l’audace ou de l’humilité pour les aborder. Ce sont les seuls élus. Ce ne sont pas des bénisseurs !
M’étant retrouvé deux sous de raison – ça passe vite ! – je vois que mes malaises viennent de ne m’être pas figuré assez tôt que nous sommes à l’Occident. Les marais occidentaux ! Non que je croie la lumière altérée, la forme exténuée, le mouvement égaré… Bon ! voici que mon esprit veut absolument se charger de tous les développements cruels qu’a subis l’esprit depuis la fin de l’Orient… Il en veut, mon esprit!
… Mes deux sous de raison sont finis ! – L’esprit est autorité, il veut que je sois en Occident. Il faudrait le faire taire pour conclure comme je voulais.
J’envoyais au diable les palmes des martyrs, les rayons de l’art, l’orgueil des inventeurs, l’ardeur des pillards ; je retournais à l’Orient et à la sagesse première et éternelle. – Il paraît que c’est un rêve de paresse grossière !
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in memoriam Annie Buntinx [13 octobre 1930 - 22 janvier 2000]
& Bob Jansen [22 août 1929 - 21 juillet 1998]
» je stille blijven daar
waar anderen vrijheid vierden » (B.J.)
La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l’entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s’égoutter les neiges de l’hiver
Et le siècle couler, sans qu’amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil je la voyais s’asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l’enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?
Charles Baudelaire
Dessin (peut-être d’après Modgliani) – René M. – 1975
Je continue d’aimer ce dessin (et quelques autres) de mon frère, alors âgé de 18 ans, qui m’émerveillait. Plus de trente ans après je reste sensible à ce trait de plume, frêle et assuré.
Une charogne Charles Baudelaire
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s’élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rhythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.
– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !
Si nous avons une âme immortelle, il faut qu’il y en ait une aussi dans les infusoires* qui habitent le rectum des grenouilles.
Jean Rostand – Pensées d’un biologiste (1955)
* infusoire n. m.
• 1791; lat. sc. infusorius, du rad. de infusion
Zool. Vieilli Protozoaire cilié qui vit dans les eaux stagnantes.
« La première condition de l’immortalité, c’est la mort. »
Stanislaw Jerzy Lec