Reena Shrivastava : cinq concerts de sitar en Europe

concert de Reena Shrivastava et Kousic Sen à Bruxelles le 30 octobre

La sitariste Reena Shrivastava et le tabliste Kousic Sen, originaires l’un et l’autre de Kolkata (Inde) seront bientôt en tournée en Belgique, Hollande et Allemagne, pour cinq concerts en tout, dont voici les dates et les lieux :

1. WEDNESDAY 28 OCTOBER 2009 | 20:15 | Belgium | Leut-Maasmechelen
Kasteel Vilain XIIII | 11EUR | T. +32(0)89/76 97 97

2. THURSDAY 29 OCTOBER 2009 | 20:15 | Germany | Aachen
Atelier 21 | Jülicher Strasse 21 | T. +49 241 159723 [with Arup Sengupta, tabla]

3. FRIDAY 30 OCTOBER 2009 | 20:00 | Belgium | Brussels | ArtBase
Rue des Sables | 12,50EUR | T. +32 (2) 217 29 20

4. SATURDAY 31 OCTOBER 2009 | 20:00 | the Netherlands | Amsterdam
Tropentheater | 19EUR

5. SUNDAY 1st NOVEMBER 2009 | 15:00 | the Netherlands | Groningen
de Jonge Held | Leegeweg 4a | 15EUR | T. +31 50-3180690

La première fois que j’ai vu Reena Shrivastava en concert, c’était au début des années 90, à Gand. Le concert était organisé par Madame Shakti Majumdar et son mari, fine équipe dont les concerts se passaient dans des conditions disons assez… minimalistes, pour ne pas dire misérables. On pourrait dire sans caricaturer qu’ils servaient en fait de hors-d’oeuvre à des repas indiens, peut-être plus lucratifs. Plus tard, j’en ai appris de belles par les musiciens eux-mêmes sur les conditions faites aux artistes par ces organisateurs plus portés sur la cuisine que la musique.

Je me souviens d’un concert chez eux de Dulal Roy, qui jouait du jaltarang . Quelle découverte à l’époque ! [L'artiste entendu ici n'est pas Dulal Roy mais Milind Tulankar.]

Un concert mémorable aussi du flûtiste Ronu Majumdar (aucun lien de famille avec les organisateurs ni avce d’autres musiciens homonymes) auquel je m’étais rendu avec Raju Asokan, collectionneur d’enregistrements aujourd’hui mondialement connu des amateurs pour sa générosité sur internet, dont je venais de faire la connaissance à Bruxelles où il a résidé quelques mois. Grâce à Raju qui connaissait personnellement le flûtiste, j’ai pu rencontrer pour la première fois ce soir-là les artistes en chair et en os (en chair surtout !) avant et après le concert. Le tabliste était l’excellent Abhijit Banerjee, auréolé de gloire à mes yeux par sa collaboration avec Nikhil Banerjee. J’avais été frappé par le fait que, avant le concert, après le concert, pendant l’entracte, Ronu et Abhijit ne parlaient que de musique.

Je me souviens d’un autre concert non moins extraordinaire, organisé à Gand par la même famille Majumdar, de Neela Bhagwat (oh cette voix au timbre si différent de celui des chanteuses indiennes, et la couleur troublante de ses yeux verts…) accompagnée au tabla par Pierre Narcisse. Celui-ci avait été enrôlé presque de force comme « accompagnateur loca », alors qu’il n’avait jamais accompagné de chanteuse. Peut-être même n’avait-il jamais vraiment écouté de musique vocale avant ce jour. Au premier rang trônait feu Vasant Mungre, grand ordonnateur des concerts de musique indienne en Belgique pendant deux décennies.

C’est aussi à Madame Majumdar que je dois le seul concert de Gangubai Hangal auquel j’ai jamais assisté… mais je m’égare.

Lorsque je suis arrivé à Gand ce soir-là pour le concert de sitar et de sarod, après quelque deux heures de route, j’ai trouvé porte close à la toute petite salle de concert habituelle. Un mot épinglé sur la porte expliquait que le concert avait lieu au Vooruit, la plus grande salle de Gand, où l’on ne donnait de concerts indiens que si l’artiste attirait au moins 500 personnes ! Autant dire que ça n’arrivait pas souvent. En fait, les hasards de la programmation avaient fait coincider ce jour-là le concert de Reena et de son frère Rajeeb Chakrabarty avec un spectacle des Gitans du Rajasthan. Pour sauver la mise de son concert qui n’aurait sans doute compté qu’un seul spectateur ce soir-là (moi !), l’organisatrice habile avait obtenu (chapeau !) que ses trois jeunes protégés (le tabliste était Subhen Chatterjee) jouent en première partie du groupe folklorique déjà très populaire à cette époque. La salle du Vooruit était bien pleine, je crois, mais le public, venu pour la gaieté tourbillonnante des Gitans du Rajasthan, plutôt déconcerté par cette première partie classique. Je m’étais senti mal à l’aise moi aussi, mais pour d’autres raisons. Cependant je n’ai pas boudé mon plaisir à suivre jusqu’au bout la deuxième partie de ce spectacle folklorique (monté à… Paris, mais c’est une autre histoire).

Sur le chemin du retour, après le concert, je m’étais dit qu’un jour, cet affront fait à la musique classique indienne reléguée en première partie d’un spectacle de folklore, je le vengerai en invitant ces musiciens pour de vrais concerts classiques. C’est chose faite. Si Reena vient cette fois sans son frère, c’est parce que je n’ai plus du tout le goût des jugalbandi. Je me demande si elle se souviendra de cet épisode quand je le lui rappellerai. Je me demande d’ailleurs s’il ne vaudrait pas mieux le passer sous silence.

Reena Shrivastava | Raga Hemant | alap – jod – jhala | 23:18

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