Français, latin et javanais

Fourmi rapeuse – Max (en novembre 2003 ?)

Je me souviens de l’excitation que me procuraient à l’école primaire (ou peut-être même avant) des expressions qu’il fallait apprendre mais que je ne comprenais pas ou mal. Comme par exemple tel est pris qui croyait prendre ou tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Le plaisir d’en sentir le sens d’abord me résister, puis céder tout d’un coup ou petit à petit selon les cas, était double, car le phénomène se produisait aussi et en même temps en allemand (ich hon ne iwa de omboss gezoh ou das isch a lazerona).

Parler plusieurs langues est une jouissance durable et finalement assez facile à alimenter. Les mécanismes mentaux d’apprentissage des langues fonctionnent au mieux jusqu’à la puberté et rouillent après, surtout si l’on ne s’en sert pas. Sans me faire aucune illusion sur l’issue de cette entreprise, je m’amuse beaucoup ces temps-ci à apprendre un peu de bengali. Une belle langue, chantante, expressive, aux consonances à la fois douces et rudes, plutôt rurales.
Quelle joie de revoir un film de Satyajit Ray et de reconnaître au fil des abondants dialogues des mots aussi beaux que brishti (=pluie) ou jol (=eau) ou bodo (= grand, comme dans Bade Ghulam Ali Khan, ou bada khyal ; mais prononcé ‘boro’) ou chhoto (=petit, comme dans Chhote Ghulam Ali Khan, ou dans chhote khyal) ou lal (=rouge) ou nil (=bleu) ou shobuj (=vert)…
J’ai sommeil se dit amar gumpaché

Répondre

*