Allumettes

Pourquoi certains mots, comme allumettes, me font-il l’effet d’être aussi bien allemands que français ?
Dans le dialecte francique parlé en Lorraine germanophone, quelques mots de la vie courante étaient français, comme par exemple allumettes justement, dont je n’ai découvert et utilisé l’équivalent allemand, Streichhölzer, que bien plus tard et toujours avec réticence. Idem pour porte-monnaie (proncé pot’moné). Les mots équivalents en haut-allemand étaient moins familiers voire totalement inconnus, comme c’est le cas de Geldbeutel.

Inversement, nous avions beau être plus ou moins sommairement bilingues, nous ne connaissions pas l’équivalent français de bien des mots pourtant d’usage courant, ceux qui étaient tabou notamment, ceux du sexe par exemple, ou encore ceux de la vie agricole, le nom des céréales pourtant familières, de certaines variétés de fruits, ceux des outils… Sans parler des proverbes, dictons et des expressions idiomatiques bien sûr.
Il serait intéressant de redessiner le tracé sinueux de cette frontière linguistique qui coupait nos vies en deux.

J’ai déjà évoqué cette hu-mie-liation des personnes bilingues de ne pas pouvoir être tout à fait elles-mêmes des deux côtés de leur frontière intérieure.
Je n’ai pas encore parlé de chaizelangue, ce sera pour une autre fois.

One Response to “Allumettes”

  1. débloque-notes » Blog Archive » Schässlang écrit :

    [...] Les mots parfois, comme des étiquettes, se décollent : allumettes, mie de pain et robinet… [...]

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