Rentrer (chez soi)

Trouvé épinglé au mur de l’atelier de Carole T. cet extrait de Enfance et Histoire de Giorgio Agamben

« Dans une journée d’homme contemporain, il n’est presque plus rien qui puisse se traduire en expérience. Ni la lecture du journal, si riche en nouvelles irrémédiablement étrangères au lecteur même qu’elles concernent ; ni le temps passé dans les embouteillages au volant d’une voiture ; ni la traversée des enfers où s’engouffrent les rames du métro ; ni le cortège de manifestants, barrant soudain toute la rue [...] ; ni la file d’attente qui s’allonge devant les guichets d’une administration ; ni la visite au supermarché [...] ; ni les instants d’éternité passés avec des inconnus dans un ascenseur. L’homme moderne rentre chez lui épuisé par un fatras d’événements ‑ divertissants ou ennuyeux, insolites ou ordinaires, agréables ou atroces sans qu’aucun d’eux ne se soit mué en expérience. C’est bien cette impossibilité où nous sommes de la traduire en expérience qui rend notre vie quotidienne insupportable. »

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