Vote
I don’t vote, I am a platonic anarchist.
George Steiner
Dans un entretien avec Jean-Pierre Rondas à la radio flamande (en décembre 2004) à propos de son livre Maîtres et disciples, George Steiner rappelle qu’entre août 1914 et mai 1945, cent millions de personnes ont été tuées en Europe, dans des pays où l’on votait.
« The humanities did nothing to prevent the two world wars. »
Il rappelle qu’en 1822 Heine avertissait : Dort wo man Bücher verbrennt, werden Menschen verbrannt. C’est-à-dire « où on brûle des livres on brûle des hommes. »
Il pose des questions curieuses :
« For whom would you get up if he enters the door? »
C’est-à-dire pour qui vous lèveriez-vous s’il entrait par cette porte ?
« If Hitler walks in, do you get up ? »
G. Steiner cite Simone Weil et Hannah Arendt comme les deux penseurs féminins* les plus radicaux du XXe siècle. Ni l’une ni l’autre n’a eu ni voulu de disciple.
Il observe aussi qu’à Hiroshima et à Nagasaki on trouve des enseignes McDonalds, que la Frauenkirche de Dresden aurait dû rester en ruine : « You cannot rebuild time. »
« You must leave the city if you cannot stop the injustice. The truth is always in the exile. »
« If we have to torture other people in order to survive, it is better not to survive. »
« To be a tourist in hell is easy. »
Et pour finir sur une note joyeuse : « Death is the day you cannot learn something. »
* Faut-il dire « penseuse » ?
janvier 30th, 2006 at 7:40
“To be a tourist in hell is easy..”
il manque la suite qui si je me souviens bien donne ceci:
« ..we have to learn how to be a guest. »
am
février 22nd, 2006 at 12:50
« To be a tourist in hell is easy, we have to learn how to be a guest »…
…est-ce que quelqu’un voudrait bien développer un peu ?.. merci!
février 22nd, 2006 at 1:14
Que faut-il développer?
S’agit-il de l’assertion de Steiner: “To be a tourist in hell is easy.”?
Je suis mal placé pour développer.
Déjà que j’ai la prétention de comprendre…
En revanche je n’ai pas compris la suite rappelé par antonio masado.
Je ne me souviens pas d’avoir entendu « we have to learn how to be a guest« . Il faudrait que je réécoute. Bonne idée !
février 25th, 2006 at 12:33
Je viens de réécouter l’enregistrement et même quatre ou cinq fois les trois dernières minutes d’où sont extraites les phrases en question.
Steiner dit bel et bien les mots que rappelle Antonio, mais l’enchaînement des idées n’est pas exactement ce que suggère la citation d’Antonio.
Je me rends compte que mes notes découses prises à la première écoute soulignent la revendication de désengagement de Steiner : I believe nationalism is the horror of our time, mais pas la honte concomitante I am deeply ashamed of not having had the courage, the imperative of courage, to go to Tel Aviv…
Aller à Tel Aviv (c’est-à-dire dans l’enfer) pour y dire ce que Steiner a pu dire en toute quiétude à Cambridge, sans subir de pression, protégé par la société britannique, mais qui en Israël lui aurait valu, pense-t-il, d’être enfermé ou interné.
Ce passage de l’entretien est chargé d’émotion.
Steiner précise que son père était sioniste de la première heure, compagnon de Hertzl et dit : I believe nationalism is the horror of our time. I believe the duty of the Jew is to learn how to be a guest and to teach others how to be. Rejet de la revendication nationaliste il faut apprendre à être un invité. Steiner exprime la honte de n’avoir pas eu le courage de faire ça et se demande si Simone Weil ou Hannah Ahrendt l’auraient fait.
Antonio as-tu compris autre chose ? Il me semble que mises bout à bout comme tu les cites, les deux idées engendrent la confusion.
En aucun cas learn how to be a guest n’est au même niveau que be a tourist in hell is easy….
Le touriste en enfer, c’est lui ! C’est l’expression que Steiner utilise pour se qualifier lui-même, en visite en Israël mais se gardant bien de s’y établir pour y défendre ses positions antisionistes, c’est-à-dire « apprendre à se comporter en invité ».