Sam et après

Quand on en organise soi-même, on perçoit les concerts différemment.
C’est ainsi que je me suis surpris à plusieurs reprises en train de guetter le sam final pour faire une photo des musiciens à ce moment précis.
Un vrai cliché.

Un plaisir puéril, un caprice orgueilleux, un abus de pouvoir puisque je sais que personne n’osera protester et que même si d’aucuns protestent, je m’en fiche. Flash !

Ça doit finir par monter à la tête des organisateurs, et si on n’y prend garde.
Ainsi se change en morgue ce qui n’était au départ qu’une tentative de conjurer l’angoisse de la fin, de l’après, du vide impossible à combler autrement que par des souvenirs.

La plupart des musiciens indiens que j’ai fréquentés, au moment de la séparation après une tournée, généralement dans un aéroport, dans une gare ou sur le marchepied d’un autobus, ne se retournaient pas pour faire signe. Les mêmes pourtant se souviennent des années après de détails souvent anodins que j’avais entretemps moi-même oubliés.

Plus frappant encore est le fait que beaucoup d’entre eux, à peine arrivés, généralement dans la voiture aux abords d’un aéroport ou d’une gare, me parlent déjà de leur départ, de la date, du lieu, des moyens de transport. Certains sortent leur billet d’avion, leur passeport, comme pour s’assurer de la continuité du fil d’Ariane qui les conduira hors du labyrinthe.

Ah cette confiance qu’ils doivent faire aveuglément à chacun de leurs hôtes successifs dans leur périple à travers le monde…
Chapeau les artistes !
[J'écris ceci à l'heure où Partho est dans l'avion qui le ramène de Londres à Calcutta]

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