Diminutif

Il me semble qu’en Néerlandophonie, entre les gens qui la parlent et leur langue, il existe un lien simple, direct et intense, d’une nature bien différente de ce que nous autres francophones connaissons avec le français.
Comme si le français ne se mettait jamais à poil. Oui, c’est ça, le français ne se déshabille jamais, il ne se départ pas volontiers de ses atours littéraires. On se caresse de préférence à travers les vêtements.
Le néerlandais lui se montre nu. On le monte à cru. On lui voit le grain de la peau, le relief des jointures, on sent son haleine. Son timbre de gorge profonde, sa voix de poitrine feulante, ses sons plus ou moins doucement rauques.

Chaque année, en Flandre, la poésie est mise à l’honneur, fin janvier, au cours du Gedichtendag, le jour de la poésie. Voici un court texte de Herman De Coninck reçu ce soir d’un ami et qui dit la poésie d’une manière si particulière :

Zoals je tegen een ziek dochtertje zegt:
Mijn miniatuurmensje, mijn zelfgemaakt
verdrietje, en het helpt niet;
zoals je een hand op haar hete voorhoofdje
legt, zo dun als sneeuw gaat liggen,
en het helpt niet:

zo helpt poëzie.

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Souvent, je suis frappé, dans mes conversations quotidiennes, ou à la radio, mais aussi dans mes lectures, par la fréquence des diminutifs en néerlandais, que ce court texte illustre parfaitement : quatre formes en -je (dochtertje, miniatuurmensje, verdrietje, voorhoofdje) en sept lignes.

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