Décevoir

Dans la série des concerts décevants, il me paraît intéressant de confronter l’annonce d’un concert au Musée Guimet au compte-rendu qu’en fait un spectateur (et néanmoins ami, Hans Bosma):
Vendredi 17 juin à 20h30 | Auditorium Guimet, 6 place d’Iéna 75116 Paris
Alok et Abhisek Lahiri | Concert de sarod (Inde du nord)

Le Sarod est le cousin proche d’un instrument arabe : le rebab, qui, vers l’an 1300, fut renommé en Inde le Sah-roda.
Instrument aux cordes de boyau, il fut introduit à la court des empereurs moghols d’Inde du Nord.
Beaucoup de modifications furent apportées au Sarod jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle. Pour frapper les cordes, on utilisa alors un plectre en noix de coco. Depuis, il n’a plus subi de modifications majeures.
Pdt. Alok Lahiri fut initié par son père à la pratique de cet instrument multicentenaire puis devint le disciple d’Ustad Amjad Ali Khan.
Récompensé très tôt par le convoité  » President Gold Medal for musical excellence « , il entame alors une carrière internationale.
Sa spécialité, vite reconnue, fut son excellence à pratiquer les duos avec les plus grands maîtres de la musique indienne.
Comment s’étonner alors de l‘ entendre aujourd’hui sur scène aux côtés de son fils de 20 ans, Abhisek, prodige du sarod et héritier incontournable de quatre générations de musiciens exceptionnels ?
Alok et Abhisek Lahiri, lauréat du President’s award en l’an 2000, seront accompagnés par Prabhu Edouard (tabla) et Marc Linnhoff (tampura).

Prix des places 14 et 10 euros
Renseignements, réservations : 01 40 73 88 18 ou auditorium.guimet@wanadoo.fr

10 Responses to “Décevoir”

  1. kerbacho écrit :

    Compte-rendu du concert par un auditeur :
    Vendredi dernier j’ai vu les Lahiri père et fils. Leur concert a eu beaucoup de
    succès mais personellement j’étais assez déçu. En première partie Abhisek a joué
    seul un Sudh Kalyan. Ce n’était pas mauvais mais en dehors de sa technique il
    n’y a pas beaucoup de profondeur dans sa musique. Son jeu me fait penser à
    Mukesh Sharma. Même la virtuosité est somme toute assez limitée.
    Le duet en deuxième partie était franchement raté. Ils ont joué Hemant en
    reprenant chaque fois la phrase de l’autre, tout était répété deux fois.
    C’était ridicule. Du coup le raag était interminable. Le père a d’ailleurs un
    jeu très pauvre. Etrangement mes camarades [...] étaient
    enthousiastes. J’ai réécouté tout mais je ne comprends vraiment pas (je t’ai
    fait une copie comme ça tu peux juger pour toi même).

  2. music lover écrit :

    Concert du maître de musique indienne Pt. Alok Lahiri et de son fils Abhisek Lahiri,

    Je suis surpris du commentaire de M. Kerbacho, car j’ai trouvé ce duo tout à fait séduisant. En effet, l’energie que dégage cette relation père fils en musique m’a particulièrement touchée et je crois bien que je n’étais pas le seul. Après tout, peut-être que monsieur kerbacho était de mauvaise humeur ?
    Un auditeur amoureux de la musique classique indienne

  3. kerbacho écrit :

    Bienvenue sur mon blog et merci d’avoir pris la peine d’y laisser une trace de votre passage. Entre amoureux de musique classique indienne, on a visiblement des choses à se dire.
    Voici quelques précisions:
    1. Kerbacho (= moi !) n’a pas assisté au concert.
    2. J’ai mis en ligne le compte-rendu de Hans Bosma, un bon connaisseur, qui lui a assisté au concert, pour le confronter à l’annonce enthousiaste du concert par le musée Guimet.
    3. J’ai fait cela dans le cadre de réflexions personnelles partagées avec quelques proches, parce que j’avais assisté moi-même quelques jours plus tôt à une série de concerts décevants.
    4. Il ne s’agit pas de dire du bien ou du mal ni des musiciens ni des organisateurs ni des auditeurs. Ni d’attaquer ou de défendre qui que ce soit. On échange des idées. On partage des déceptions à l’occasion, des enthousiasmes quand ça arrive.
    5. Je suis donc très heureux d’accueillir ici l’avis d’un auditeur enthousiaste au sujet du même concert. Hans Bosma lui-même évoque l’enthousiasme de ses camarades dans son compte-rendu (qui n’était d’ailleurs pas destiné à être lu par d’autres que moi). S’il avait été de mauvaise humeur, il n’y serait pas allé au concert. Il a sans doute d’autres attentes que vous, et que les musiciens n’ont pas comblé ce soir-là  ça arrivé et on en parle volontiers.
    6. Le fait d’être seul à éprouver un sentiment n’en diminue par pour autant la valeur.
    De même le fait d’être nombreux à l’éprouver ne confère pas de valeur supplémentaire à un sentiment. En ce qui me concerne, je me méfie des « convictions de groupe ».
    Je serais heureux de poursuivre cet échange et j’aurais aimé savoir comment vous êtes arrivé sur mon blog ? Merci.

  4. DUPUTEL écrit :

    J’ai vu plusieurs fois le jugalbhandi en question et je dois avouer qu’il est plutôt de très bonne qualité.

    De plus je crois qu’il ne faut pas oublier que Abhisek Lahiri n’a que 20 ans.

    En effet il me semble que Hans Bosma était de mauvaise humeur…

    En effet de très mauvais concerts ont eu lieu au musée guimet :
    En réalité il est bien connu que des musiciens indiens de bas étages ont tendance à aller en Europe pour gagner quelques liasses…

    Cependant il me semble que ce n’est pas le cas de Pt. Alok Lahiri et de son fils Abhisek qui peut connus en europe mais connus comme de fins musiciens à Calcutta.
    Je rappelle que Hariprasad chaurasia les a invités au « Saath-Saath Festival » en présentant Abhisek comme l’une des meilleures promesses du sarod indien.

    Alors moi, si un avis est à prendre, je choisirais celui de Pt. Hariprasad Chaurasia et non celui de Hans Bosma (j’en suis d’ailleurs désolé).

    Malgré tout il ne faut pas esclure le fait que ce soir là le concert était moyen voir mauvais… Sans pour autant généraliser.

  5. kerbacho écrit :

    Décidément, le sarod ne laisse pas indifférent, je m’en réjouis. La mauvaise humeur supposée de Hans B. non plus (je ne crois pas avoir jamais vu Hans de mauvaise humeur ;-) . Je propose de laisser tomber ça une bonne fois pour toutes.
    A la lecture de ce commentaire, je me pose des questions. Par exemple, qu’est-ce qu’un jugalbandi de bonne qualité ? Des exemples s’il vous plaît ! Qu’est-ce qu’un très mauvais concert au musée Guimet ? On voudrait aussi des exemples. De même que des musiciens indiens de bas étage ?
    Quant à « gagner des liasses », je n’ai vraiment rien contre, au contraire. Dans les concerts que j’ai organisés, j’ai mis un point d’honneur à ce que les musiciens soient payés le mieux possible, et que leurs gages soient garantis indépendamment du nombre d’entrées.
    A propos de liasses, la réputation d’Hariprasad-ji est rudement bien établie. :-)

    Bon, avec tout ça je n’ai toujours pas entendu l’enregistrement de ce fameux concert de la dynastie Lahiri à Guimet, mais ça ne saurait tarder. En fait, je ne suis pas très pressé, car je crains la déception…
    POur me consoler, j’ai heureusement beaucoup de sarod à écouter. Par exemple le très grand et trop méconnu Ustad Bahadur Khan.
    Connaissez-vous par exemple l’enregistrement de son subtil Raga Ahir Vibhas&nbsp? Non, alors je vous envie, car vous avez encore des trésors à découvrir.

  6. DUPUTEL écrit :

    Rebonjour,

    Suite a votre demande je poursuit :)

    - Jugalbandhi de bonne qualité : qques exemples :
    Allez je dirais ceux Ust. Ali Akbar khan et de Pt. Nikhil banerjee…
    Rashid khan et Shahid Parvez (je crois qu’il y a raag bageshri)
    et les jugalbandhi de Ust. Salamat Ali Khan et Ust. Nazakat Ali Khan sont généralement « de très bonne qualité ».
    bon j’en oublie plein, et j’en suis désolé.

    - De très mauvais concerts au musée guimet : je regarde dans la programation sur leur site… 5 minutes, copier, coller :
    « Pandit Rupak Kulkarni – flûte bansuri – Subhash Dhunoohchand – tabla »
    Subhash Dhunoohchand est un tabliste mauricien, il fait de son mieux mais ce n’est pas terrible…

    Musiciens indien de bas étages… je ne m’étale pas sur le sujet mais il est vrai que certains indiens vont en europe pour faire de l’argent alors qu’ils ne sont pas bons voilà tout… Ils finissent par vendre leur instrument et ils rentrent au pays.
    Je n’ai absolument rien contre le fait que les musicien soient bien payés, mais je parle de musiciens, pas de charlatans…

    Hariprasad chaurasia, mérite d’être bien payé et je ne le considère pas comme un « musicien de bas étage » (je ne siterais pas d’exemples de musiciens de bas étages j’en suit désolé).
    Je rappelle également que je citais hariprasad chaurasia en sa qualité de musicien apte à différencier les « bon » artistes des « mauvais » ou « moyen », pas en tant que buisnessman (exemples grossiers: Bon : Nikhil Banerjee, mauvais ou moyen : Subhash Dhunoohchand)

    Au fond je pense que l’on est d’accord sur pas mal de points. Au fond, tous deux amateurs de musique classique indienne, on est au moins d’accord sur le fait que la musique indienne mérite toute notre attention.

    Je vous reprocherais un point : Je ne comprends pas comment on peut avoir une vision objective de la performance d’un artiste :
    - en pensant connaitre déjà son niveau d’une part
    - en se basant uniquement sur un enregistrement d’autre part
    (ie « je n’ai toujours pas entendu l’enregistrement de ce fameux concert de la dynastie Lahiri à Guimet, mais ça ne saurait tarder. En fait, je ne suis pas très pressé, car je crains la déception… »).
    A moins que que le joyeux Hans B. soit la référence absolue de la musique classique hindustani (simple boutade).

    En effet je n’ai jamais écouté le neuveu d’allaudin khan : Ustad Bahadur Khan
    Savez vous ou il est possible de trouver un enregistrement, je n’en trouve pas sur khazana? S’il vous plait livrez moi d’autre trésors, je ne demande que ça!!!

    Pour en revenir à Abhisek Lahiri je trouve qu’il incarne bien la nouvelle génération de musiciens classiques hindustani… en regardant la Biographie de Ust. Bahadur Khan, je vois qu’il est mort en 79, on peut donc avoir un apperçu global de sa carrière… Comprennez que l’on ne peut pas comparer un artiste de 20 ans aujourd’hui avec un artiste mort il y a 35 ans

    Quand à l’annonce du concert au musée guimet… Je pense sincèrement que les petits palins ont recopié mot pour mot le Bo Data des artistes de la « dynastie Lahiri »… Il est vrai que les indiens sont très famille, d’ailleur une quantité incroyable de musiciens déscendent directement de Tansen :)

    Ouf… fin du commentaire gigantesque

  7. kerbacho écrit :

    Désolé, pas le temps de répondre en détail pour l’instant. Allons à l’essentiel.
    Pour vous approvisionner en bonne musique indienne (par exemple Bahadur Khan), la meilleure adresse que je connaisse est Axel Elbin, à Düsseldorf en Allemagne. Il vient régulièrement en France pour vendre des CD à l’entrée des concerts de musique indienne (au Théâtre de la Ville, à la Cité de la Musique etc), mais il vend aussi par correspondance. Il connaît tout ce qui existe. Il a un choix extraordinaire et peut (presque) tout avoir si l’on insiste gentiment et patiemment. Ses prix sont très corrects.
    Si vous ne le connaissez pas, n’hésitez pas à le contacter en vous recommandant au besoin de ma part (Denis Meyer). Sa boîte s’appelle Raga Maqam Dastgah et son adresse électronique est info@raga-maqam-dastgah.com
    Son site http://www.Raga-Maqam-Dastgah.com n’est pas encore opérationnel.
    Son adresse complète : Axel Elbin – Füsilierstr. 4 – D-40476 Düsseldorf, Germany
    tel & fax +49-211-4541122

  8. DUPUTEL écrit :

    merci bien…

  9. kerbacho écrit :

    Qui cherche trouve.
    Par exemple un excellent Kaushi Kanada par Bahadur Khan ici:
    http://www.dovesong.com/MP3/MP3_India_kanada.asp

  10. kerbacho écrit :

    J’ai enfin écouté ce Shuddh Kalyan.
    La qualité de l’enregistrement fait depuis la salle n’est évidemment pas terrible, mais la musique tient la route. L’alap est de bonne facture. Ce n’est peut-être pas toujours palpitant, mais on peut dire ça de tant d’enregistrements !
    Dans le jhalla, quand la main droite fait valoir ses droits et que les coups de plectre prennent de l’importance, l’intensité augmente sensiblement sans que la musicalité en pâtisse.
    J’entends murmurer : « Comme il en n’avait pas beaucoup, de musicalité, il ne peut pas non plus en perdre beaucoup. » Ce qui est vache, mais pas tout à fait faux non plus. Je comprends que H.B. soit resté sur sa faim.
    Moi j’aimerais bien réentendre ce jeune homme un jour.

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