Shree Rag par Ashish Khan

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : novembre 15th, 2011

Exemple de maîtrise parfaite d’un raga difficile sur un instrument difficile. Cet enregistrement de studio indien, dont les images ne sont pas très agréables, doit dater d’il y a un peu moins de vingt ans (années 90). Il me semble qu’Ashsish Khan était alors dans sa cinquantaine. Et en pleine possession de ses moyens.

Obreck : Évacuation vers l’intérieur

Posté dans divers par kerbacho - Date : novembre 13th, 2011


Ce document rescapé des archives familiales [merci René] atteste que M. Philippe Nicolas [mon grand-père] a abandonné dans la commune d’Obreck à la suite de son évacuation vers l’intérieur le 8 septembre 1939 :
3 vaches 4, 5, 5 ans avec harnais
1 voiture à 4 roues


La Mairie d’Obreck, telle que la montre Google StreetView en novembre 2011, n’a pas dû beaucoup changer depuis 1939.

Que restera-t-il bientôt de la mémoire de cette odyssée que quelques bribes devenues incompréhensibles comme le témoignage de cet abandon cruel ?
Messieurs mes oncles nonagénaires qui gardez vaillamment la jouissance de vos facultés et de votre mémoire, il est encore temps de fixer vos souvenirs (que je recueillerai volontiers avec gratitude et respect). Si vous ne parvenez pas à y trouver du plaisir, faites-en au moins un devoir.

Rajrupa Sen Chowdhury

Posté dans ÉCOUTER, HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : novembre 12th, 2011

Les tubes électroniques ne cessent de charrier des pépites qui promettent un bien bel avenir au sarod.


Le son de ces enregistrements est malheureusement un peu limite (et même au-delà), on remarque ici et là des petits problèmes de justesse (?), mais quelle musicienne ! Que de belles et fines trouvailles ! Et le joueur de tabla me plaît bien aussi.
Et ces yeux de Kolkata…

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Quinze

Posté dans divers, REGARDER par kerbacho - Date : octobre 16th, 2011

Ce 15 octobre Mathilde aurait eu 86 ans. Sur cette photo elle en avait tout juste 15, si l’on en croit la date notée au dos.

Mathilde à l'âge de 15 ans (1940)

Agnès (6 ans) Mathilde (15 ans) Bernadette (7 ans) en 1940

Sougata Roy Chowdhury en concert au Musée Guimet, à Paris

Posté dans ÉCOUTER, ENTENDRE, HINDOUSTAN, REGARDER par kerbacho - Date : octobre 9th, 2011

J’ai eu la chance d’entendre Sougata Roy Chowdhury en concert à Köln avant l’été, dans une de ces petites galeries indianisantes comme on en voit dans toutes les villes d’Europe, où l’on vend des objets artisanaux, magnifiques au demeurant, à des prix qui (me) laissent songeur et me mettent mal à l’aise.
Les Indiens qui se lancent et persistent dans l’exercice difficile du métier de musicien devraient y réfléchir à deux fois, car cette voie-là ne fait pas recette. Ils y gagnent en un soir tout juste de quoi payer le coussin en kilim sur lequel ils sont assis (au prix où il est vendu par cette galerie). La très jolie salle, d’une capacité d’une quarantaine de sièges et même plus, si l’on se pousse un peu, n’accueillait ce jour-là qu’une dizaine de personnes. En dépit de ce décor pourtant idéal sur le plan de l’esthétique, je me suis senti d’emblée submergé par la morosité, importuné par le poids des malentendus qui entourent la réception de la musique indienne.
Je pensais à la condition des artisans, à celle des musiciens, au contraste entre leur monde et l’opulence des bourgeois de Cologne.

Je connaissais un peu Sougata, fringant jeune homme, pour l’avoir rencontré en coulisses il y a longtemps à Paris, puis pour avoir eu des contacts indirects avec lui, surtout au sujet de la très belle collection d’enregistrements anciens de musique classique indienne de son père Sarabari Roy Chowdhury. Mais pas pour sa réputation de musicien qui n’était pas arrivée jusqu’à moi comme celle d’un professionnel du calibre de ceux qui m’intéressent d’habitude. À tel point que jusqu’à ce samedi de juin 2011 je ne connaissais à peu près rien de son itinéraire musical et que j’avais beaucoup hésité avant de me rendre à Cologne pour ce concert.
Sugata Roy Chowdhury aka Babui

Comme souvent, c’est quand on s’y attend le moins que les miracles se produisent. Au fur et à mesure que j’écoutais Sougata, découvrant la richesse et la subtilité de sa musique, et sa maîtrise du sarod, les pensées pénibles d’avant le concert se sont évanouies. Entre autres évocations, j’ai pensé fugitivement au jeu de Partho Sarathy, sans doute pour sa douceur. Un rapprochement confirmé après le concert à la lecture de la biographie de Sougata : tout comme Partho (et de nombreux autres joueurs de sarod de grand talent), il a été l’élève de Dhyanesh Khan***, sarodiya trop tôt disparu.

Je recommande donc chaudement le concert qui se donnera au Musée Guimet – Paris – 6, place d’Iéna : vendredi 14 octobre à 20h30 : Sougata Roy Chowdhury (sarod) & Prabhu Edouard (tabla)

Les mérites de Prabhu étaient heureusement arrivés jusqu’à mes oreilles depuis longtemps déjà !

*** Je ne connais que quelques enregistrements audio de Dhyanesh Khan dont un LP Chhanda Dhara, et un seul enregistrement vidéo sur lequel on ne le voit d’ailleurs que peu :

Fantasmes

Posté dans divers par kerbacho - Date : septembre 12th, 2011

« Les légendes les plus tenaces cessent un jour de fonctionner et l’on s’en aperçoit avec surprise au moment où on commençait à les croire éternelles. »

Anne-Marie Dardigna*, Les châteaux d’Eros ou les infortunes du sexe des femmes, Maspero, 1981

En hommage à G. dont c’est aujourd’hui le 83e anniversaire.

* Du même auteur,  La presse féminine, fonction idéologique, Maspero, 1978

Forschung

Posté dans divers, MOTS par kerbacho - Date : septembre 10th, 2011

Forschung ist die Kunst, den nächsten Schritt zu tun.
Kurt Lewin*
En hommage à Lucien dont c’est aujourd’hui le 80e anniversaire.

En français, cela donnerait quelque chose comme : la recherche est l’art de faire le pas suivant.
Ou, peut-être plus librement : la recherche est l’art de faire un pas de plus.

*cité par Pierre Bourdieu en tête du chapitre « Questions de méthode » dans « Les règles de l’art »

Frances-Marie Uitti, amazone avec violoncelle

Posté dans ÉCOUTER par kerbacho - Date : juin 21st, 2011

Lorsque je l’ai vue et entendue pour la première fois, sans rien savoir ni d’elle ni de sa musique, j’ai senti dès ses premiers coups d’archet une force et une présence particulières. Non seulement cette impression ne s’est pas démentie mais devient plus intense à chaque fois que je l’écoute.

Frances-Marie Uitti

Elle revient vendredi soir à Maasmechelen, plus précisément à la Sint-Remigiuskerk de Vucht, pour un concert en solo que je ne saurais trop recommander et que je ne raterai pas.

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Improvisation F M Uitti with Jonathan Harvey synthesizer

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F M Uitti | Britsum 2 bow chorale

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F M Uitti | 2 bow Homage to GS | On devine que GS est Giacinto Scelsi.

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Rap’t

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ADHD

Écoutez comme elle chevauche son instrument qui jamais ne se cabre car jamais elle ne le malmène.

Je me rends compte, tout en écrivant ces lignes, que je n’irai donc pas à Bruxelles vendredi soir pour écouter la chanteuse Kaushiki Chakrabarty qui se produit au Palais des Beaux-Arts avec Subhankar Banerjee au tabla.

Blek le Roc est mort

Posté dans divers par kerbacho - Date : juin 19th, 2011

Est-ce la loi des séries ? En tout cas je reste dans le registre nécrologique.
Hubert (vers 1966?)
Hubert est mort à l’âge de 58 ans.
La mort d’un cousin, proche camarade de jeunesse au début de l’adolescence, suscite des sentiments mitigés que la pudeur et la bienséance dicteraient de filtrer.
Quand on s’est perdu de vue depuis cinquante ans, que pèsent ces souvenirs de quelques années tendres mais décisives, de découverte du monde et de nous-mêmes ?

Des souvenirs sans doute unilatéraux et en tout cas pas partagés depuis.

Hubert était fort, j’étais gringalet. Son ossature robuste, sa carrure musclée, sa mue précoce et son système pileux inspiraient aux autres enfants un respect derrière lequel je pouvais cacher ma poitrine imberbe et rachitique. J’avais pour lui une vraie amitié, comme on en a finalement peu dans sa vie.
Hubert était fort, fidèle, droit, modeste, courageux, téméraire s’il le fallait.

Déçu par le résultat, j’ai toujours détesté ce portrait de lui, posé dans les ruines du moulin de Bodo, avec l’appareil Kodak 6×9 grande bobine que je venais de recevoir en cadeau ce jour-là. Ma première photo peut-être.
Box Kodak 6x9

La voici devenue soudain précieuse, même si on n’y voit malheureusement pas les yeux d’Hubert. Si ma mémoire est bonne, il les avait clairs, comme feu son père Auguste.

Auguste

À cette époque, quand j’en étais encore à chercher ce qu’il pouvait bien y avoir à découvrir après Fripounet et Marisette, Sylvain et Sylvette, Chouette-Ma-ma et autres BD catholiques pour enfants, c’est Hubert qui m’a fait découvrir les mâles bandes dessinées Akim et Blek Le Roc (que je n’ai eu aucune difficulté à retrouver près de cinquante ans après dans le grand grenier de l’internet).
Akim

Jeune, Hubert était blond et avait la mèche rebelle.
Ne le voyais-je pas comme une espèce de Blek le Roc ?
Blek Le Roc
Un peu plus tard, Hubert me ferait découvrir Satanik, des photos-romans plus épicés, qu’il nous montrait en cercle très restreint dans le plus grand secret, mais sans me les prêter (je crois qu’ils m’auraient brûlé les doigts) ni me dire d’où il les sortait (il savait garder les secrets).
Satanik Satanik
Je me souviens de mon étonnement devant la fascination exercée sur mes camarades par ces exhibitions de bikinis (ce mot venait d’apparaître, comme spoutnik) et de soutiens-gorge pointus. Comme depuis l’enfance j’étais familier de l’atelier de couture de ma tante où les dames se déshabillaient sans vergogne et souvent ne se rhabillaient pas entre deux essayages, ces atours féminins m’intéressaient beaucoup moins que la mystérieuse (et très graphique) combinaison de Satanik avec son crâne et son squelette parfaitement dessinés. Je n’avais jamais rien vu de tel et me demandais comment ça se mettait et à quoi ça servait.

Plus tard, c’est encore Hubert qui me ferait découvrir mes premiers romans de gare qu’il ne lisait pas lui-même. Des polars vaguement sulfureux et médiocres qui n’avaient sans doute de charme que celui de l’interdit, et dont je n’ai gardé aucun souvenir. Il m’en avait refilé une cargaison que j’ai si bien planquée que je ne la retrouvais plus.
Comme Hubert était entré très jeune dans le monde du travail, j’ai eu la chance, grâce à lui, d’être ainsi initié plutôt jeune et sans trop de complexes à un monde et une (sous-)culture à côté desquels je serais passé si je n’avais fréquenté que « la bibliothèque pour tous » comme le voulait ma mère, ainsi que le lycée, où l’on apprenait le latin.

Ma dernière rencontre avec Hubert date du vidage de la forge de mon père, il y a une quinzaine d’années. À sa grande surprise, je lui ai proposé de troquer une énorme double meuleuse de forgeron dont je ne n’avais évidemment pas l’usage mais dont lui serait un digne propriétaire, contre une petite meuleuse de table dont je me sers depuis régulièrement. En pensant à Hubert et à Joeph.

Asad Ali Khan est mort

Posté dans divers, HINDOUSTAN par kerbacho - Date : juin 14th, 2011

Depuis quelques temps je m’étonnais par devers moi de ne plus rien entendre d’Asad Ali Khan, peut-être parce que je passais en revue dans mon esprit les musiciens actifs dans le genre dhrupad et ressentais son absence.
Ce maître de la rudra veena de la Jaipur Gharana des beenkars vient de décéder à Delhi à l’âge de 74 ans.
Ce bloc-notes se change en lugubre rubrique nécrologique.

Sadiq Ali & Asad Ali
Asad Ali Khan avec son père Sadiq Ali Khan

Le dhrupad dit de style kharbandi pratiqué par Asad Ali Khan (à ne pas confondre avec son homonyme chanteur) était austère comme il se doit, mais pas dépourvu d’ostentation. La position de l’instrument tenu obliquement sur l’épaule du musicien est d’une grande élégance. Quiconque a vu ce musicien en concert a forcément été frappé par la dignité de son port et la solennité un peu cérémonieuse des gestes qu’il faisait en manipulant son instrument.
Il me revient à l’esprit que j’avais eu des contacts sympathiques avec l’un de ses disciples occidentaux, allemand je crois, dont le nom m’échappe maintenant, qui avait obtenu des moyens financiers pour le suivre et le filmer pendant plusieurs semaines en Europe et en Inde. J’ignore si ce documentaire a jamais été publié.

(Re)lire ce qu’Asad Ali Khan dit au sujet du tarparan et, bien sûr, écouter sa musique, par exemple ici